CONTRAT D'ACTION PLURIANNUEL CNRS-ETAT
2002-2005
Ce contrat a été
signé le 21 mars 2002
AVANT-PROPOS
INTRODUCTION
I - VIVRE LA SCIENCE EN MOUVEMENT
1 - METTRE EN SYNERGIE RECHERCHE FONDAMENTALE / RECHERCHE APPLIQUÉE
1-2 Le CNRS, acteur
de la société et de son évolution
1-3 La recherche et linnovation comme apport à
lessor économique
3-1 Les grands axes
prioritaires
3-2 Les priorités au cur des disciplines
scientifiques
1- METTRE EN PLACE LES OUTILS DE LINTERDISCIPLINARITÉ
2- DÉFINIR DES ORIENTATIONS; LES METTRE EN OEUVRE
2-1-1 Clarifier les modalités et les acteurs de la prospective scientifique
2-2-1 Responsabiliser les acteurs ; créer des références communes de direction et
2-2-2 Généraliser le "contrat" comme un mode de relation entre les différents niveaux
2-2-3 Faire de lévaluation un levier de laction
2-2-4 Concilier attentes du personnel et besoins du CNRS. Susciter la mobilité
2-2-5 Mettre le système dinformation au service de la politique du CNRS
2-2-6 Mobiliser les moyens financiers et humains au service de la recherche
3- INVESTIR LESPACE EUROPÉEN DE LA RECHERCHE
4- APPROFONDIR LE PARTENARIAT AVEC LES UNIVERSITÉS
Ce contrat entre lEtat et le CNRS est une première. Il est le point de rencontre entre les orientations de la politique du Gouvernement affirmée notamment lors des Comités interministériels de la recherche scientifique et technique successifs et les attentes exprimées par le CNRS à loccasion de la conclusion de son projet détablissement adopté par le Conseil dadministration de lorganisme le 4 février 2002.
Ce contrat répond aux trois priorités principales du " projet détablissement ".
Il prend également en compte limportance affichée dans le projet détablissement pour le renforcement du partenariat avec les Etablissements denseignement supérieur, pour le renouvellement des personnels dans une vision pluriannuelle de lemploi scientifique, pour la promotion de lexcellence, pour le renforcement de louverture du CNRS vers le monde socio-économique et des relations science-société.
Ce contrat renforce, à léchelon national et local, le partenariat avec les universités grâce à la mise en uvre de politiques concertées au niveau des responsables détablissements dans une logique de volonté partagée et dengagements réciproques.
Il se situe par ailleurs dans une période décisive pour lemploi scientifique de notre pays : départs à la retraite massifs dans les années 2005-2010 quil faut anticiper, rajeunissement corrélé de lappareil de recherche publique et perspectives favorables pour le recrutement des jeunes docteurs, réorientation du potentiel de recherche en fonction de lévolution des champs disciplinaires. La distinction statutaire entre chercheurs et enseignants chercheurs ne doit pas faire oublier quils sont aujourdhui souvent réunis dans des unités mixtes de recherche. Le plan de gestion prévisionnelle de lemploi scientifique, présenté au conseil des ministres du 24 octobre 2001, est pour cette raison un plan global qui concerne la recherche et lenseignement supérieur. Dans ce contexte, le contrat du CNRS doit ouvrir des voies nouvelles de partenariat renforcé avec des universités elles-mêmes contractualisées.
La signature de ce contrat intervient au terme dune période marquée par une modification substantielle du décret portant organisation du Centre, la nomination dun nouveau président et dune nouvelle directrice générale et un rapport de la Cour des comptes qui a mis en lumière certaines faiblesses de lorganisme.
Le contrat sinscrit donc dans un processus de rénovation sans en constituer pour autant le terme, ne représentant quune partie de la réponse aux enjeux que doit aujourdhui affronter le CNRS.
Les objectifs ayant été définis conjointement par lEtat et le CNRS, le contrat doit maintenant devenir un cadre et un outil au service dun projet collectif.
Pour cela les différentes instances consultatives du CNRS, conseils de laboratoires, conseils consultatifs régionaux, et bien sûr instances nationales, sections du Comité national, conseils scientifiques de département, Comité technique paritaire (CTP) et Conseil scientifique, seront mobilisées pour être acteur de cette évolution, chacune à leur niveau et pour la partie qui les concerne.
Cest à cette condition que les lignes daction ici tracées pourront être mises en uvre et entraîner la nécessaire évolution du CNRS, condition de sa pérennité et de son développement.
Le présent contrat na pas pour ambition denglober lintégralité des sujets abordés dans le cadre du projet détablissement, mais de cibler les domaines sur lesquels le CNRS doit agir en première priorité dans les prochaines années. Il nest pas exclusif dactions complémentaires de lorganisme dans les domaines des politiques régionale et internationale, du renforcement des collaborations avec les organismes de recherche, de linformation scientifique et technique et de la communication. Il est articulé autour de deux parties : vivre la science en mouvement ; conduire la recherche.
La première partie trace les priorités scientifiques des prochaines années. Au cur de celles-ci, figure lengagement fort du CNRS en faveur de recherches associant les diverses disciplines : cest dans ce domaine que le plus grand investissement doit être réalisé, car il ouvre de larges espaces à lavancée des connaissances et offre un potentiel important de découvertes. Cette orientation est une " ardente obligation " pour le CNRS : organisme multidisciplinaire de premier rang au niveau national mais également mondial, il se doit en effet daccorder une priorité centrale à la pratique et à la pensée de linterdisciplinarité.
La seconde partie, conduire la recherche, identifie six domaines daction représentant des enjeux déterminants pour le CNRS, qui justifient à ce titre des efforts et des investissements majeurs.
Ces six domaines daction concernent :
Limportance déjà soulignée dune interdisciplinarité qui est aujourdhui requise dans la plupart des thématiques structurantes de la recherche et correspond ainsi à la vocation même du CNRS, implique de donner un nouvel élan et une nouvelle dimension à ces recherches. Le CNRS mettra en place un dispositif spécifique qui concernera aussi bien les acteurs individuels que les structures et les programmes. Une réflexion sera engagée dans ce cadre associant les instances scientifiques et le comité national sur lorganisation du CNRS et concernant en particulier le souci de dépasser une structuration en seuls départements scientifiques à caractère fortement disciplinaire.
La place quoccupe le CNRS au sein de la recherche nationale et européenne lui confère une responsabilité particulière quant à la structuration des actions de recherche, et à la définition et lanimation de la politique scientifique.
Pour cette raison, eu égard à limportance du partenariat entre le Centre et les universités, il importe de faire évoluer le mode de dialogue et déchange afin dêtre en situation de mettre en uvre en commun les grandes orientations stratégiques et scientifiques. De même, du fait de son positionnement, le CNRS doit être un acteur clé de la construction de lEspace européen de la recherche, qui est certainement un défi stratégique majeur auquel le Centre doit répondre dans les prochaines années. Enfin, la défiance dune partie de lopinion publique à légard de la science, la désaffection des jeunes pour les études scientifiques imposent au CNRS une démarche déterminée à légard de la société pour expliciter la démarche scientifique et intégrer lapport de la recherche dans le débat social quil concerne lexpertise, léthique ou la culture.
Par ailleurs, le CNRS doit se préoccuper, plus encore quil ne le fait aujourdhui, de la valorisation et du transfert des résultats de la recherche quil sagisse de sa dimension économique, sociale ou culturelle. Il en va pour une part de la crédibilité même de la recherche. La loi de 1999 sur linnovation dans la recherche offre de nouvelles opportunités en cette matière. Il convient de les saisir et de créer une dynamique qui fasse que la valorisation et le transfert soient une préoccupation prioritaire des chercheurs et ingénieurs, en complément de la mission première de recherche fondamentale pour lavancée des connaissances.
Enfin, et ce nest pas le moindre des chantiers dans lesquels doit sengager le CNRS, il convient de mettre en place des outils et des modes daction adaptés à ces objectifs. Les mots clés en cette matière pourraient être "transparence et responsabilité". Transparence des choix et des objectifs, afin que chacun les connaisse et puisse conduire son activité et sa carrière en conséquence ; transparence des responsabilités des divers acteurs pour une meilleure efficacité, grâce à des circuits courts et des intervenants peu nombreux pour une même décision ; transparence des résultats appréciés à travers des outils dévaluation et de suivi adaptés aux priorités du CNRS et au service de tous. Lors de la mise en uvre de ces orientations, le CNRS respectera lespace de liberté nécessaire au chercheur, et encouragera la prise de risque inhérente au métier de la recherche, devra être présent lors de la mise en uvre de ces orientations.
Ces six domaines daction du CNRS traduisent les enjeux stratégiques du Centre. Ils ne doivent pas être confondus avec un " programme de travail " du CNRS qui couvrirait inévitablement un champ beaucoup plus large. Par exemple, il va de soi que la priorité européenne, quaffiche le CNRS prend place au sein dune action internationale plus vaste qui englobe les relations avec les grands pays développés, les pays dEurope centrale et orientale, les pays en émergence et les pays en voie de développement, qui relèvent chacun dune stratégie particulière.
De même, linvestissement particulier dans le partenariat avec luniversité nest pas exclusif des relations avec les autres organismes de recherche, les collectivités locales..., qui doivent elles aussi être poursuivies et développées.
La focalisation sur la valorisation et le transfert des résultats de la recherche justifiée par les progrès que le CNRS doit accomplir en cette matière, ne doit pas occulter la poursuite des relations avec les entreprises, qui connaissent une dynamique propre depuis plusieurs années.
Enfin, lentrée dans la problématique de la gestion des ressources humaines, qui est une condition déterminante du succès du présent contrat, par le biais de la mobilité, sous toutes ses formes, des agents, ne signifie pas que ce seul point fera lobjet dune attention, mais au contraire quau sein dun ensemble touchant au recrutement, au déroulement des carrières, à la formation, aux conditions de travail, la mobilité des agents requiert un investissement particulier car elle constitue un enjeu stratégique pour chacun et pour le CNRS dans son ensemble.
I - VIVRE LA SCIENCE EN MOUVEMENT
1 - METTRE EN SYNERGIE RECHERCHE FONDAMENTALE / RECHERCHE APPLIQUEE
Le Centre National de la Recherche Scientifique a pour première
mission "dans le cadre de la politique scientifique définie par
le Gouvernement,
dévaluer, deffectuer ou de faire
effectuer toutes recherches présentant un intérêt pour lavancement
de la science ainsi que pour le progrès économique, social et
culturel de notre pays" (décret n°82-993 du 24 novembre
1982 modifié). À loccasion du contrat daction pluriannuel,
il convient de montrer que le Centre prend en compte tous les aspects de sa
mission, en affichant clairement trois objectifs aux travaux quil développe
: l'avancée des connaissances, la réponse aux attentes de
la société et l'essor économique. De plus, loin d'être
séparés, ces objectifs se situent de manière croissante
en forte complémentarité et en forte interaction dans un espace
intégré d'activités de recherche qui, le plus souvent,
se heurtent aux mêmes difficultés conceptuelles et font appel aux
mêmes outils.
1.1. La recherche pour lavancée des connaissances et la compréhension des mécanismes fondamentaux.
Cette recherche vise à construire des représentations scientifiques du monde, de son organisation et de son fonctionnement : de linerte au vivant, du naturel au construit par lhomme, de son évolution, son présent et son histoire. Tous les champs disciplinaires sont concernés, allant à titre d'exemple de la compréhension de lorigine de lUnivers à lhistoire médiévale, du fonctionnement dune cellule humaine ou végétale à celui de groupes sociaux, de la structure des atomes à celle dun gène, de la compréhension des mécanismes de la cognition à lanalyse des langues et du langage.
Bon nombre de ces connaissances trouveront dailleurs, dans des délais plus ou moins longs, plus ou moins prévisibles, des développements socio-économiques ou technologiques.
1.2. Le CNRS, acteur de la société et de son évolution
Le CNRS, partenaire des établissements de recherche et d'enseignement supérieur, remplit une fonction essentielle en plaçant au cur du système éducatif une recherche scientifique de haut niveau qui contribue à la construction du lien social.
Le CNRS doit aussi aller à la rencontre des attentes de la société et y trouver une source d'orientation de ses travaux. De grandes demandes émergent comme l'amélioration de la qualité de vie, de la santé humaine, la protection de lenvironnement, le développement des outils de communication, l'aide au handicap, la gestion des déchets, l'intégration des diversités culturelles, etc Ainsi, le Centre sera, par son action de recherche, un moteur de lévolution sociale.
Il doit aussi être à lécoute des craintes que génère la recherche vis-à-vis de la société, y identifier des problématiques scientifiques et y apporter des réponses argumentées. Citons notamment la notion dappropriation du corps humain, les problèmes de confidentialité liés aux nouveaux outils de communication, ou l'évolution des climats et la biodiversité.
1.3. La recherche et linnovation comme apport à lessor économique
La conscience que la recherche est, au plan international et pour chaque pays, une clef pour lessor de linnovation et du développement économique est largement partagée par le CNRS. Cela implique notamment pour le Centre la double responsabilité dêtre, dune part, à lécoute des besoins industriels, didentifier les verrous quils rencontrent et ainsi de développer des recherches (souvent fondamentales!) à même de lever ces barrières, et, dautre part, danticiper les ruptures scientifiques et technologiques, inventer et transformer les inventions en innovations au travers de partenariats avec les entreprises ou de création de jeunes pousses.
C'est de l'intégration de ces objectifs que le Centre tirera la dynamique de son développement.
La grande richesse du CNRS est de développer des travaux et de posséder de solides compétences dans tous les champs disciplinaires, des mathématiques aux sciences humaines en passant par la biologie, la chimie, la physique ou les sciences de la terre. Il est, en France, le seul organisme à pouvoir bénéficier de ces atouts et avantages que représente lexistence en une même structure de tous les champs disciplinaires au plus haut niveau et pouvoir ainsi répondre à un besoin largement exprimé au niveau mondial.
Son grand défi est de dépasser le cloisonnement et la structuration en champs disciplinaires, fruits dun découpage des sciences hérité des siècles précédents et conforté par lorganisation des études supérieures. Lévolution de la connaissance, les nouvelles percées scientifiques, les nouveaux champs dinnovation nécessitent souvent le croisement des disciplines de base. Développements interdisciplinaires, transdisciplinaires ou pluridisciplinaires, tous doivent également concourir au développement des recherches dinterface, à létude dobjets complexes, à la vision intégrative.
Les nouveaux outils permettant daméliorer le développement de linterdisciplinarité, et que le CNRS met en place, seront présentés plus loin.
Concernant les aspects scientifiques, le CNRS a identifié cinq grands secteurs interdisciplinaires qui s'appuient sur l'ensemble de ses départements scientifiques et correspondent à des domaines en émergence ou en mutation :
2.1. Le vivant et ses enjeux sociaux
2.2. Information, communication et connaissance
2.3. Environnement, énergie et développement durable
2.4. Nanosciences, nanotechnologies et nanomatériaux
2.5. Astroparticules : des particules à lUnivers
Le développement de ces grands domaines nexclut pas le développement daxes interdisciplinaires au sein des départements scientifiques.
2.1. Le vivant et ses enjeux sociaux
Laccès aux séquences des génomes et à leur manipulation, ainsi que limpact prévisible des changements globaux sur les organismes vivants, constituent les éléments majeurs du début de ce siècle. Le vivant est donc devenu un enjeu économique et social. La propriété intellectuelle des produits du vivant et du vivant lui-même, la connaissance de la biodiversité, sa préservation et son utilisation comme ressources sont des exemples illustrant cet enjeu. La coopération de lensemble des disciplines des sciences du vivant et les interactions avec les autres domaines scientifiques sont indispensables, que ce soit pour la création de concepts ou la mise au point doutils. Pour répondre à ces exigences, il faut que les mécanismes associés à la vie puissent être étudiés à grande échelle mais aussi au niveau le plus fin. Par la diversité des domaines abordés dans les sciences du vivant et par les interactions entre celles-ci et les autres domaines de la science, le CNRS est particulièrement apte à répondre à ce défi.
1. Les grands enjeux de la recherche
Le défi que visent les stratégies de recherche basées sur la connaissance des génomes est de décrypter la fonction de tous les gènes, de définir leurs interrelations et les conséquences de leurs anomalies, depuis le niveau cellulaire jusqu'à celui des grandes fonctions de l'organisme. Face aux conséquences directes et indirectes des activités humaines sur lenvironnement, il sagit aussi de déterminer les capacités dadaptation des organismes vivants et leurs limites.
Ces stratégies de recherche constituent une base pour accéder à l'intégration des savoirs, de la molécule à l'écosystème. Elles ouvrent l'espoir de pouvoir répondre à des questions fondamentales concernant la biosphère, l'origine et le devenir de l'homme, ses comportements et son action dans l'environnement, les risques épidémiologiques. Ces questions sont au cur de débats sociétaux et de controverses qui nécessitent le développement de recherches à l'interface entre les sciences du vivant, les sciences de l'homme et de la société et les sciences de l'Univers.
Quel que soit le niveau d'organisation considéré, les approches fonctionnelles requièrent des développements innovants à l'interface de la biologie et des autres disciplines (physique, chimie, sciences pour l'ingénieur, sciences et technologies de l'information et de la communication), par exemple pour l'étude des biomolécules, de leurs assemblages et leurs mécanismes daction ; pour l'exploration des fonctions physiologiques ou pour la conception de systèmes d'acquisition de données dans les études environnementales.
Ces développements interdisciplinaires sont essentiels pour réaliser des percées dans les domaines de la santé, de l'environnement, des biotechnologies.
2. État de l'art et position du CNRS
Les perspectives ouvertes, au plan fondamental et appliqué, par la connaissance des génomes, font l'objet d'une intense compétition internationale. Le CNRS dispose de deux atouts importants et originaux pour se maintenir à une place de premier plan : la possibilité de mobiliser, en interne, toutes les disciplines complémentaires pour résoudre une problématique donnée qu'il s'agisse d'acquisition de connaissances ou d'outils pour acquérir ces connaissances ; l'existence, en son sein, de compétences couvrant tous les niveaux d'organisation du vivant, de la structure atomique de la biomolécule aux écosystèmes complexes. À cela s'ajoute l'excellence dun nombre important de ses laboratoires, très compétitifs à l'échelle européenne ou mondiale, dans des domaines clés tels que ceux de la biologie structurale, de la génétique moléculaire et cellulaire, des neurosciences intégratives et cognitives, de la biodiversité. La mise en place, de façon concertée entre toutes les disciplines et avec les autres organismes de recherche, de plates-formes technologiques performantes dédiées aux approches fonctionnelles constitue un atout supplémentaire.
3. Programme de recherche, stratégie et moyens
Pour faire sauter les verrous qui freinent encore l'étude du vivant et pour identifier, formuler et traiter les problèmes que posent les avancées des sciences du vivant dans la société, la stratégie privilégiée est de faire appel à l'interdisciplinarité. Celle-ci est nécessaire pour analyser les constituants du vivant, comprendre leur intégration dans le fonctionnement de la cellule, de l'organisme, des populations et des écosystèmes, développer de nouvelles instrumentations ou de nouvelles cibles thérapeutiques. Elle est indispensable pour répondre aux interrogations de nature éthique, politique, économique et juridique induites par les connaissances nouvelles.
Ainsi, les recherches dans le domaine des Sciences du vivant seront conduites en s'appuyant sur des programmes interdisciplinaires internes au CNRS ou menés en partenariat avec d'autres institutions de recherche, nationales ou européennes, dans le cadre de réseaux d'excellence. Le second pilier de cette politique se fondera sur l'émergence de nouveaux laboratoires d'interface, ainsi que sur la mobilisation de chercheurs, ingénieurs et techniciens de différents domaines.
Les objectifs suivants seront privilégiés :
Les moyens d'intervention se situeront à l'échelle des instituts fédératifs de recherche (IFR) et des génopoles avec le soutien à des plateaux techniques et des plates-formes mutualisant les moyens (biologie structurale, transcriptome, protéome, imagerie, bioinformatique, animaleries, stations de terrain, serres). Des programmes valoriseront les potentialités d'interdisciplinarité du CNRS et des groupements de recherche (GDR) permettront d'animer des communautés scientifiques. Enfin, à l'échelle européenne, des soutiens seront apportés aux pôles français partie prenante des " réseaux d'excellence " sélectionnés par l'Union Européenne. Le CNRS participera également à la mise en place de "centres de ressources" telle que l'animalerie transgénique d'Orléans. Le CNRS confortera des actions nationales auxquelles participent les autres organismes. Citons : le Consortium National de Recherche en Génomique, l'Institut du vieillissement et de la longévité, le Groupement d'Intérêt Scientifique "Infections à Prions", l'Institut des maladies rares, l'Institut français de la biodiversité À léchelle des laboratoires, l'implantation de jeunes équipes développant de nouvelles approches ou de nouvelles thématiques dans les axes prioritaires complètera ce dispositif.
2.2. Information, communication et connaissance
Lexplosion des sciences et technologies de linformation et de la communication (STIC) est un des éléments majeurs de la seconde moitié du 20e siècle. Leur évolution et leur diffusion dans tous les secteurs de la société vont jouer un rôle structurant pour le siècle à venir. Cette révolution trouve son écho dans une dynamique nouvelle des sciences de linformation et des systèmes et dans la naissance au sein du monde économique, politique et des médias de concepts comme " la société de linformation, de la communication ou de la connaissance ".
À la rencontre des finalités scientifiques, sociétales et économiques du CNRS et à la confluence dintérêts interdisciplinaires forts des STIC, des sciences humaines et sociales et des sciences de la vie dans leur dimension cognitive, le domaine " information communication et connaissance " ouvre de nouveaux champs stratégiques de recherches interdisciplinaires.
Un nouveau secteur économique est né autour de la création et de léchange de contenus, des méthodes ou des outils de limmatériel. Il va devenir prépondérant. La maîtrise de ses bases scientifiques et technologiques est devenue une priorité pour tout pays qui veut assumer une part du leadership mondial dans le développement politique, économique, social et culturel.
Mais lessor de la "société de linformation" repose avant tout sur les capacités de lhomme à sapproprier loffre technologique, la transformer et lintégrer dans ses pratiques et ses usages. La maîtrise des mondes virtuels et leur intégration dans un espace de communication plus riche, mais aussi plus dangereux, est un enjeu incontournable : un premier champ interdisciplinaire appelé " information, communication " couvre les recherches portant sur les objets, les réseaux et les services de communication, les outils de création, daccès et déchange dinformations ou de contenus abordés sous leurs dimensions pluridisciplinaires, techniques, ergonomiques, cognitives, économiques, sociales et politiques.
Bien au-delà des pratiques de communication et dinformation, le développement de lusage des STIC va agir sur les structures despace et de temps, la représentation et lorganisation des connaissances et les langages dinteraction ; Ce sont les "activités symboliques de lhomme", au sens des savoirs, des cultures, des pratiques de communication et des usages sociaux qui vont être modifiées ; une dimension cognitive nouvelle liée au poids et à la nature des médiations technologiques doit être prise en compte : un second champ interdisciplinaire appelé " Intelligence et connaissance " couvre létude couplée des processus cognitifs naturels et artificiels, ainsi que leurs impacts sur lévolution cognitive et culturelle de lêtre humain vers la " société de la connaissance ".
2. État de lart et position du CNRS
Nos grands compétiteurs en recherche au niveau européen ou mondial se sont en général déjà bien emparés des problématiques disciplinaires et pluridisciplinaires associées : Institut de neurosciences intégratives, de robotique, programmes de recherche sur les impacts sociaux des technologies de linformation et de la communication, e-learning ou e-X, ont été ouverts avec des moyens souvent considérables.
Loriginalité du CNRS réside dans sa capacité à investir dans la durée et faire fonctionner une approche interdisciplinaire profonde. Avec la création de ce domaine dinterface, le pari est de faire jouer les synergies de compétences et de résultats entre plusieurs axes de recherche à vocation pluridisciplinaire, ayant entre eux un fort potentiel dexternalités.
3. Programme de recherche, stratégie et moyens
À côté de thèmes de recherche majeurs du CNRS, qui portent sur létude du fonctionnement du cerveau et des langages, sur les réseaux et services dinformation et de communication ou sur les relations " communication et société ", thèmes qui ont leur dynamique propre, ce nouveau domaine interdisciplinaire (information communication et connaissance) interagit avec eux, sen nourrit et en même temps les stimule ou les renouvelle.
Du point de vue des problématiques de recherche, il est important davancer en parallèle sur des programmes interdisciplinaires ambitieux et dont la conjonction nous permettra datteindre des seuils critiques et de faire sauter des verrous.
Trois programmes : " société de linformation ", " robotique et entités artificielles ", " cognition et traitement de linformation " ouverts en 2001 et poursuivis en 2002 couvrent les trois premiers enjeux scientifiques. Lobjectif pour les années à venir est de les déployer sur lensemble de leur étendue thématique et de les étoffer avec un premier bilan en 2003.
Deux autres volets doivent être préparés en 2002 et être ouverts en 2003. Ils portent sur les deux autres grands enjeux scientifiques du domaine : " représentation et acquisition des connaissances dans un environnement dinteractions médiatisées et de virtualité ", et " complexité, comportement et intelligences naturelles et artificielles ".
Lavancée dans des recherches mettant en uvre une interdisciplinarité profonde demande un long et patient travail dacculturation, que ce soit pour des chercheurs jeunes ou pour des chercheurs expérimentés. Il est donc primordial de développer et diversifier les lieux dinteraction entre chercheurs et de capitaliser sur leurs expériences interdisciplinaires : laboratoires dinterfaces, GDR, programmes de recherche, équipes multilaboratoires, écoles de formation, plates-formes dobservation et dexpérimentation. Le mouvement est amorcé, il doit être amplifié.
La constitution de réseaux thématiques de laboratoires et leur insertion dans des réseaux dexcellence européens, l'établissement de programmes intégrés dans le domaine sont des leviers indispensables. Ils doivent sappuyer sur le développement de plates-formes variées permettant dobserver et dexpérimenter : plates-formes dobservation des usages, dexpérimentation de nouvelles ergonomies, plates-formes dimagerie pour létude du cerveau, plates-formes de réalité virtuelle, de scénarisation, etc... Il en est de même pour la constitution de bases de données dusages, de corpus de référence, de bibliothèques et doutils daccès.
2.3. Environnement, énergie et développement durable
Lenvironnement dans une acception la plus large du terme, ses modifications, la production et la gestion de lénergie sont autant de thèmes au cur des débats de société. Ils nécessitent une recherche interdisciplinaire de la meilleure qualité pour relever les défis scientifiques, technologiques et sociaux que pose le développement durable de la planète. Le CNRS doit jouer un rôle de tout premier plan dans la recherche quil faut mener en amont pour comprendre, prévenir et gérer les modifications de lenvironnement. Pour cela, il doit se doter des outils de prospective, d'incitation, d'expertise et de dialogue entre les différents acteurs de cette recherche.
1. Les enjeux de la recherche
Les questions scientifiques touchant au développement durable de la planète ne sont pas la propriété dun champ disciplinaire, elles sont par essence multidisciplinaires. La nature des enjeux scientifiques peut s'illustrer sur un exemple : le changement du climat de la planète dorigine naturelle ou induit par lactivité humaine ne se résume pas à une simple constatation, étude et compréhension du phénomène, il a aussi des implications sur la vie des sociétés et leur développement et demande donc que les sciences humaines et sociales sapproprient les résultats des autres champs disciplinaires. Par ailleurs, la minimisation et les anticipations des effets de lactivité humaine sur le climat appellent la mise en uvre de technologies nouvelles de dépollution, de nouvelles formes de production et de stockage dénergie et donc des collaborations accrues entre climatologues, physiciens, chimistes, biologistes et spécialistes des sciences de lingénieur.
2. Position actuelle du CNRS
Le CNRS conduit déjà des recherches sur le développement durable par les actions et les thématiques de recherche de ses départements et laboratoires. On peut mettre en avant entre autres les axes suivants sur lesquels le CNRS est fortement impliqué au travers dactions incitatives :
De nombreux programmes de recherche (notamment sur locéan, latmosphère et le climat) sont menés en partenariat avec dautres organismes de recherche français. Beaucoup dentre eux sinscrivent aussi dans des programmes internationaux, européens en particulier. Un effort important sera fait pour que dautres programmes, en particulier sur lénergie, souvrent à des collaborations et actions concertées au niveau européen.
3. Stratégie et moyens
Lobjectif affiché par le CNRS est de devenir un acteur de premier plan de la recherche en environnement et énergie en Europe et dans le monde. Pour cela il doit fournir aux laboratoires et aux chercheurs les moyens d'interagir, de se comprendre, de construire et de conduire une recherche nécessairement pérenne, par essence interdisciplinaire et sur des problématiques dune grande variété. Elle doit sélaborer entre tous les départements du CNRS mais aussi avec les autres organismes de recherche, les universités et écoles, les industriels.
Stratégie pour l'environnement
Les actions incitatives existantes et les moyens de recherche sur latmosphère, locéan et le climat seront renforcés. Un effort particulier sera porté sur létude des surfaces continentales, domaines de la planète fortement exploités par lhomme pour les ressources hydriques, énergétiques et alimentaires et lieux de stockage des déchets produits par l'activité industrielle. De nouveaux systèmes dobservation de lenvironnement seront mis en place et dautres (moyens dobservation de lINSU, zones ateliers du PEVS ) seront améliorés. Une prospective importante sera conduite pour induire de nouveaux axes de recherche impliquant plus fortement les chercheurs des sciences humaines et sociales. La connaissance et la gestion de la biodiversité, ses relations avec un environnement changeant feront partie des priorités. Les recherches sur la limitation des émissions de gaz à effet de serre et les procédés de dépollution, la mise au point de capteurs pour lanalyse et le suivi de lenvironnement feront lobjet de nouvelles actions incitatives. La recherche sur les aléas et risques naturels (hydrologiques, climatiques, sismiques, biologiques) se poursuivra et sétoffera.
Pour atteindre ces objectifs et structurer plus en avant la recherche en environnement au CNRS, il est proposé denrichir les missions existantes de lINSU. Cet institut deviendrait, non plus loutil programmatique du seul département des sciences de lUnivers et de ses partenaires existants, mais celui de lensemble des départements du CNRS en sciences de lenvironnement. LINSU deviendrait ainsi lINSUE (Institut des Sciences de lUnivers et de lEnvironnement). Au-delà du changement de nom, cet affichage a pour but :
Stratégie pour l'énergie
Le CNRS affiche fortement sa volonté de lancer un programme de recherche ambitieux avec dautres partenaires institutionnels et industriels sur lénergie. Ce programme, en cours de finalisation, sappuie sur létat de la demande énergétique au plan mondial, européen et français. Il sarticulera en particulier sur les thématiques de recherche suivantes :
Trouver et mettre en place des solutions durables et fiables au stockage, à linertage et à lélimination des déchets nucléaires reste un enjeu majeur de la recherche en environnement pour les années à venir. Le CNRS continuera son action dans ce domaine en particulier par la poursuite du programme (PACE) sur laval du cycle électronucléaire.
2.4. Nanosciences, nanotechnologies, nanomatériaux
On commence à mieux connaître le monde à léchelle du nanomètre le millionième de millimètre. Mais il reste encore de larges pans dinconnu, et cest dans ce domaine que la recherche est susceptible de produire des découvertes majeures au 21è siècle, aussi bien en physique, en chimie et en sciences des matériaux quen biologie. Qui plus est, le nanomonde recèle des enjeux technologiques considérables. Avec la miniaturisation croissante de lélectronique, on assiste à une demande accrue de recherche amont sur de nouveaux processus et de nouveaux matériaux qui conditionneront lévolution des technologies du futur.
1. Les grands enjeux de la recherche
Les nanosciences, les nanotechnologies et les matériaux nanostructurés nécessitent une compréhension fondamentale approfondie du comportement et de la construction des objets depuis les tailles nanométriques jusquaux échelles de la vie courante.
Les défis scientifiques des nanosciences sont la compréhension et lexploitation des nano-objets individuels, lélaboration de nouveaux nano-objets fonctionnels, lassemblage et lintégration des nano-objets dans des systèmes. Pour ce qui est des matériaux, les enjeux concernent principalement ceux pour lesquels la nanostructuration est essentielle pour les propriétés mécaniques ou de corrosion.
Les percées scientifiques qui en résulteront devraient révolutionner des domaines aussi variés que la microélectronique, qui a vocation à devenir nanoélectronique et les technologies de linformation, la science des matériaux, lanalyse chimique, la biologie, la médecine et la pharmacologie. Ces percées devraient avoir des retentissements profonds jusque sur le traitement des problèmes denvironnement, dénergie ou sur les technologies spatiales.
2. Etat de lart et position du CNRS
Le CNRS possède un certain nombre de laboratoires très avancés sur létude et la manipulation des nano-objets uniques et lutilisation de ces nano-objets pour une électronique moléculaire naissante, avec des premières mondiales réalisées en France. Létude des propriétés magnétiques des nano-objets résulte dune remarquable tradition française dans le magnétisme et ouvre la voie à une nanoélectronique dun type nouveau. Le domaine émergent de linformation quantique est également bien placé au niveau mondial.
Les nanomanipulations en biologie sappuient sur une excellente qualité de quelques groupes français, avec une bonne interaction entre physiciens, chimistes et biologistes. Une dizaine de laboratoires de chimie travaillent actuellement sur les nanocomposites, en particulier Si/C/N. Dans le domaine de l'adsorption et de la catalyse, la synthèse de composés nanoporeux à base d'oxyfluorures est également un sujet qu'étudient plusieurs laboratoires.
Dans tous ces domaines, les laboratoires CNRS ont de bonnes connexions dans des réseaux européens et des collaborations avec les meilleurs instituts américains et japonais.
Le CNRS participe à 4 des 5 grandes plateformes technologiques
dintérêt national(1) auxquelles ont accés
les laboratoires français. Ces compétences en micro et nanotechnologies
sont un atout pour la réalisation des composants nanométriques
du futur.
(1) Notamment, le Laboratoire danalyse et darchitecture des systèmes
(Toulouse), le Laboratoire de photonique et nanostructures (Marcoussis), lInstitut
délectronique fondamentale/Minerve (Orsay), l'Institut d'électronique
et de microélectronique du Nord (Lille) et le Laboratoire délectronique,
de technologie et dinstrumentation du CEA (Grenoble).
3. Programme de recherche et stratégie
Lobservation repose sur la microscopie électronique et les microscopies à sonde locale, qui doivent être encore perfectionnées, en particulier pour létude des molécules et des assemblages biologiques, très flexibles et fragiles. De plus, linterprétation des images données par ces appareils demande un effort de modélisation accru. Rayons X, neutrons et spectroscopie RMN ont aussi un rôle important à jouer.
Manipuler des nano-objets ouvre la voie à la chimie molécule par molécule, contrôlée par la pointe du microscope ou par un substrat spécifique, ou encore orientée dans une " molécule-cage " adaptée.
Réduire la taille de ces dispositifs électroniques est dans la ligne de la " roadmap " de lélectronique miniaturisée de demain, au delà du trait de 0,18 micromètre qui constitue la norme actuelle. Cest lapproche " top-down " vers les nano-objets, qui utilise des technologies sophistiquées de lithographie.
A linverse, il faudra développer lapproche " bottom-up " où les nano-objets sont fabriqués par assemblage au niveau moléculaire ou supramoléculaire, de préférence par auto-organisation. Cette méthode ouvre aussi des perspectives importantes pour les matériaux " sur mesure " répondant à un design " structure propriété ", qui relèvent dune manière générale dune chimie " douce " à perfectionner.
Une autre voie de fabrication extrêmement prometteuse est celle des bio-nanosystèmes. Lidée est de fabriquer de nouveaux systèmes organisés, en imitant les méthodes dauto-assemblage des systèmes biologiques, ou en modifiant leur système de réplication pour produire des nano-objets sur mesure, avec des fonctions variées.
Déjà proches des applications effectives on trouve les nanoparticules pour le transport des médicaments vers des cibles identifiées, les matériaux nanostructurés aux propriétés mécaniques exceptionnelles, les matériaux intelligents adaptatifs et les matériaux bio-mimétiques. Les efforts de recherche fondamentale sur ces sujets doivent être poursuivis.
Parmi les concepts à approfondir et les fonctions à valider on mettra en priorité les objectifs orientés vers la nanoélectronique et la nanobiologie.
La nanoélectronique basée sur la réduction des dimensions devra mettre en uvre des processus innovants, qui relèvent de deux catégories. Les uns se placent dans la ligne de la miniaturisation de lélectronique, qui devrait se poursuivre encore une quinzaine d'années, atteignant des tailles de trait de 22 nanomètres vers 2016, et qui nécessitera des avancées sur la conception technologique des dispositifs. Mais la miniaturisation ultime dun composant finit en général par causer la disparition du processus physique sur lequel repose la fonction du composant. Les effets quantiques entrent en jeu et la mise en uvre de processus physiques radicalement différents savère nécessaire. La recherche devra porter sur une deuxième catégorie dobjets, comme les transistors à électron unique, fondés notamment sur les propriétés de spin.
Dans une perspective en amont, venant de lapproche montante dassemblage de nano-objets, lélectronique moléculaire, dont les transistors sont des nanotubes de carbone ou des molécules organiques, ou encore les nanomachines, posent de nombreux problèmes fondamentaux qui devront être résolus. De même pour le traitement quantique de linformation, qui utilise des atomes individuels ou des boîtes quantiques semi-conductrices. Dans tous les cas, la connectique et lintégration des nano-objets dans des systèmes constituent des verrous majeurs, qui devront faire lobjet de recherches spécifiques.
Pour les molécules de la matière vivante, les objectifs sont lanalyse unimoléculaire (biopuce ultime), le séquençage de molécules dADN uniques. En nanomédecine, les transports de molécules thérapeutiques utilisant des vecteurs à base de nanoparticules seront à développer.
Pour renforcer le potentiel français en nanosciences et nanotechnologies, un programme interdisciplinaire (action concertée Nanosciences- Nanotechnologies) a été lancé par le CNRS le CEA et avec le Ministère de la Recherche. Il soutiendra notamment des propositions présentées par des équipes interdisciplinaires associant des cultures complémentaires mais partageant des objectifs communs. Cette politique sera aussi renforcée par la création de laboratoires dinterface et déquipes-projets, particulièrement critiques dans ce domaine pour réunir des compétences de disciplines multiples, de lamont à laval.
Les nanosciences et les nanotechnologies nécessitent des moyens de fabrication, de caractérisation et de manipulation qui sont très onéreux. Les plus coûteux sont rassemblés dans les plates-formes d'intérêt national citées plus haut. Il est important que léquipement de ces plates-formes soient remis à niveau pour les nanotechnologies, en particulier dans une perspective européenne. Il faut aussi que l'accès des chercheurs (en particulier des jeunes) y soit facilité. Dans un deuxième cercle, il faut développer des centres régionaux, comportant des équipements mutualisés de fabrication et de caractérisation de nano-objets, qui seront également des lieux de rencontre et d'interaction. Enfin, l'équipement des laboratoires doit être remis à niveau dans la perspective de ces nouvelles recherches et de ces nouveaux développements.
2.5. Astroparticules : des particules à l'Univers
Impossible de comprendre les premiers instants de lUnivers sans une meilleure connaissance de la physique des particules élémentaires : comment par exemple la matière a-t-elle pris le pas sur lanti-matière ? Lexpansion de lUnivers dépend de la quantité de matière noire. Cette matière non lumineuse, serait-elle faite de particules élémentaires hypothétiques, ou bien dastres intermédiaires entre planète et étoile ? Et pourquoi lexpansion semble-t-elle saccélérer ? Verrait-on là les effets dune énergie " noire ", là encore liée à une particule élémentaire prévue par la théorie mais encore non détectée ? Se pourrait-il que nous vivions dans un Univers qui aurait non pas 4, mais 11 dimensions ? Et les rayons cosmiques de très haute énergie, ces particules élémentaires qui ont lénergie dune balle de tennis servie par un champion, sont-ils réellement produits près de trous noirs géants au sein des galaxies ? Pour ces questions et dautres encore, les réponses viendront de la synergie entre physique théorique, physique des particules et astrophysique. Au sein de cette thématique nouvelle, les "astroparticules", infiniment petit et infiniment grand se rejoignent donc.
1. Les grands enjeux de la recherche
Du point de vue de lastrophysicien, les questions fondamentales sont de comprendre les origines de lUnivers, la formation des structures qui donneront plus tard naissance aux galaxies et aux amas de galaxies, mais aussi la structure et la géométrie de lUnivers, la physique des corps compacts comme les trous noirs. Côté physique des particules, on se pose plutôt la question de lasymétrie entre matière et antimatière, de lorigine de la masse des particules élémentaires, ou de la détection des particules élémentaires qui pourraient constituer une bonne partie de la matière noire. Ces questions ne sont en fait que diverses facettes de la même problématique. On note comme " outils " théoriques indispensables la gravitation relativiste, les théories de champs forts, la théorie des supercordes, la physique des particules élémentaires, lastrophysique nucléaire et la cosmologie théorique, mais aussi des outils observationnels : pour les astroparticules, il faut observer lUnivers non seulement de façon conventionnelle, avec des photons sur une très grande gamme dénergies, mais aussi avec de nouveaux messagers comme les ondes gravitationnelles et les neutrinos.
2. Etat de lart et position du CNRS
La thématique des astroparticules est récente et se développe vigoureusement partout dans le monde ; elle sappuie fortement sur de grands instruments au sol ou dans lespace. Le CNRS est donc particulièrement bien placé pour répondre aux nombreux défis scientifiques et technologiques posés dans cette thématique : il regroupe en son sein les trois communautés clé : physiciens subatomiques, astrophysiciens et physiciens théoriciens. Ces équipes maîtrisent lensemble des techniques mises en jeu : instrumentation de physique des particules, instrumentation astronomique et spatiale, et même instruments sous-marins. Son principal partenaire en France est le CEA, ainsi que le CNES pour les différents projets spatiaux, et bien sûr les équipes Universitaires.
De par la nature même de la thématique, les développements instrumentaux sont mutualisés, dabord au niveau européen, et le CNRS joue là un rôle moteur, mais aussi international. Les sites expérimentaux sont ainsi répartis sur toute la planète et impliquent de nouveaux partenaires comme lArgentine ou la Namibie.
3. Programme de recherche
Cosmologie et matière noire
La cosmologie sappuie en partie sur létude des propriétés des particules élémentaires et leurs interactions : les percées en physique des particules ont donc des implications en cosmologie. Elle sappuie aussi sur les observations de lUnivers à grande échelle, qui contraignent les modèles cosmologiques, avec dimportantes conséquences pour la physique subatomique.
Les observations de lUnivers à grande échelle touchent aussi à la nature de la matière noire. Au cours de sa propagation dans lUnivers et de son passage dans des amas de galaxies, la lumière des galaxies lointaines subit ainsi des distorsions dues à des effets de lentille gravitationnelle. Lobservation de ces distorsions avec des grands télescopes au sol donne des informations sur la répartition et la quantité de matière noire. Les expériences étudiant le rayonnement fossile comme le ballon Archeops et le satellite Planck, projet majeur de lAgence Spatiale Européenne, vont mesurer les paramètres cosmologiques fondamentaux : taux dexpansion de lUnivers, taux daccélération de lexpansion, quantité totale de matière noire, géométrie de lUnivers, etc Dans le même ordre didées, les observations de supernovae lointaines suggèrent que lexpansion de lUnivers est dans une phase daccélération car un des paramètres, la constante cosmologique, a une valeur non nulle. Or cette constante serait directement liée à certaines particules élémentaires hypothétiques. Lexplication de cette observation, si elle est confirmée, est un véritable défi pour la physique des particules.
Pourra-t-on détecter directement la matière noire ? Les observations astronomiques tentent plus particulièrement de détecter des astres sombres de masse sub-stellaire. Les résultats sont plutôt négatifs et suggèrent que le halo de matière noire de notre galaxie serait essentiellement constitué de particules élémentaires hypothétiques, les " mauviettes ". Particules quune expérience en cours dans le laboratoire souterrain de Modane tente didentifier via leurs collisions avec la matière ordinaire.
Phénomènes à haute énergie dans lUnivers
LUnivers est un extraordinaire laboratoire pour le physicien et plus particulièrement pour le physicien des particules. On trouve ainsi des conditions extrêmes, inaccessibles en laboratoire, dans lUnivers primordial et le voisinage des trous noirs et des étoiles à neutrons, avec des champs gravitationnels et/ou magnétiques très intenses. Les sites daccélération et de production des rayons cosmiques de très haute énergie restent toujours un mystère. Cest là un domaine de prédilection pour la thématique des astroparticules. Quelle est la nature des objets émetteurs ? Comment étendre la gamme des observations pour mieux comprendre les mécanismes démission ? Quels sont les mécanismes et les sites daccélération ? Comment ces rayons cosmiques échappent-ils à la barrière des photons du fond cosmologique ? Ces questions interpellent physiciens aussi bien quastrophysiciens. Enfin, lobservation de ces phénomènes très énergétiques repose en partie sur des techniques issues de la physique des particules.
Lénergie des rayons cosmiques peut ainsi aller jusquà des valeurs extrêmes de plus de 1019 eV, soit des énergies caractéristiques dobjets macroscopiques. Létude de ces particules sera lobjectif du projet international Auger, qui déploiera 1 600 détecteurs sur 3 000 kilomètres carrés de pampa argentine. Le détecteur franco-allemand Hess, en Namibie, est lui aussi destiné à lobservation de photons gamma de haute énergie provenant de sources violentes de lUnivers.
Nouvelles fenêtres sur lUnivers
Le domaine des astroparticules inclut létude des rayonnements gamma de très haute énergie, mais aussi des messagers non photoniques comme les rayons cosmiques, les neutrinos et les ondes gravitationnelles. Lastrophysique, devenue depuis plus dune dizaine dannées multi-longueur donde, devient ainsi multi-messagers.
Antares est un projet international qui utilisera le fond de la mer Méditerranée comme détecteur de neutrinos cosmiques. Cinq pays européens et le CEA sont associés à ce projet, ainsi que lIfremer (Institut français de recherche pour lexploitation de la mer), intéressé par les mesures océanographiques de longue durée qui seront ainsi accumulées.
Quant aux ondes gravitationnelles, la construction de linstrument franco-italien Virgo (INFN-CNRS) à Cascina près de Pise, doit sachever en 2003. Cet observatoire pourra détecter des ondes gravitationnelles émises dans des processus extrêmement énergétiques et violents comme la coalescence de deux trous noirs.
Astrophysique nucléaire
Lastrophysique nucléaire a permis de comprendre les phénomènes énergétiques au sein des étoiles : fusion thermonucléaire, novæ, supernovæ. Pour étudier les processus de nucléosynthèse qui ont eu lieu dans les premières minutes après le Big Bang, ou lors de la vie et de la mort des étoiles, il faut des mesures très fines qui nécessitent une coopération étroite entre astrophysiciens et physiciens nucléaires ainsi que des mesures expérimentales de physique nucléaire, en particulier à laide daccélérateurs de noyaux exotiques, ou de missions spatiales, comme INTEGRAL.
Structuration de la thématique
Plusieurs actions de recherche contribuent à la structuration de cette communauté de scientifiques dorigines diverses : le groupement de recherche PCHE (Phénomènes Cosmiques de Haute Energie), le programme national de cosmologie (PNC), ainsi que le groupement de recherche supersymétrie (SUSY). Sur plusieurs sites en France, le CNRS participe activement à des opérations de structuration de la communauté astroparticules qui réunissent sur un même site universitaire des équipes de culture initiale différente. Enfin, le programme interdisciplinaire du CNRS astroparticules est un élément fédérateur des actions menées par le CNRS, les universités, le CEA et le CNES dans ce secteur.
Dans un monde de grande compétition, scientifique comme économique, le CNRS doit faire émerger et traduire dans son action les priorités scientifiques qu'implique sa position d'acteur essentiel de la société de la connaissance. Ces priorités découlent d'un double champ de forces : la dynamique des connaissances et la réponse aux enjeux de société, avec une préoccupation commune et constante : celle de l'excellence scientifique garante de la compétitivité. Le Conseil scientifique du CNRS et les conseils scientifiques de département auront un rôle important à jouer dans le choix et la dynamique d'évolution de ces priorités.
3.1. Les grands axes prioritaires
Un premier ensemble de priorités découle de l'engagement du CNRS dans les cinq grands axes interdisciplinaires exposés dans les pages précédentes dont trois, (le vivant, l'information et la communication, l'environnement et l'énergie) correspondent à des priorités gouvernementales.
Il est important de souligner que ces grandes thématiques interdisciplinaires ne se confondent jamais avec un secteur disciplinaire de recherche - ou un département scientifique - et procèdent au contraire d'une approche matricielle.
Une analyse approfondie des trois grandes finalités prioritaires énoncées ci-dessus est présentée ci-après :
Poids actuel des départements scientifiques dans les thématiques (en pourcentage des personnels chercheurs permanents*) |
|||||||||
PNC |
SPM |
STIC |
SPI |
SC |
SDU |
SDV |
SHS |
Ensemble des labos |
|
Vivant |
0,3 ** |
3,3 |
1,9 |
3,1 |
18,6 |
3,2 |
65,9 |
3,7 |
100 |
Information et communication |
0,3 |
13,0 |
73,8 |
1,6 |
1,4 |
0,9 |
3,7 |
5,3 |
100 |
Environnement |
1,2 |
5,0 |
0,4 |
9,5 |
11,1 |
29,0 |
27,5 |
16,3 |
100 |
* Les "activités de recherche" des laboratoires CNRS sont rattachées à une, deux ou trois des thématiques. Chacun des 26800 personnels chercheurs et enseignants chercheurs permanents est rattaché à une ou plusieurs de ces "activités de recherche". Si un chercheur est rattaché à N activités, il est comptabilisé pour 1/N dans chacune d'entre elles. 6600 chercheurs, soit 25% du total, sont actifs dans la thématique vivant, 3900, soit 15%, dans la thématique Information et communication, et 2900, soit 11% dans la thématique Environnement. (Source: Labintel). Les astérisques figurant dans les cases indiquent les cas où limplication dun département doit progresser (* ) ou fortement progresser (** )
On y voit, à titre d'exemple, que les sciences du vivant impliquent, à des degrés très variables, tous les départements. On note que la recherche dont la finalité porte sur le vivant est effectuée pour les deux tiers dans le département des sciences de la vie, mais qu'un tiers des recherches se fait dans les autres départements. Ce sera d'ailleurs un des objectifs de la politique scientifique du CNRS que d'inciter par des appels d'offres ou des affichages de postes certains départements à s'engager plus fortement dans ces grandes thématiques. Dans l'exemple précédent, de telles incitations se feront en particulier en direction des sciences physiques, y compris la physique nucléaire, et dans les sciences humaines et sociales.
3.2. Les priorités au cur des disciplines scientifiques
Les grandes priorités thématiques interdisciplinaires doivent s'appuyer sur des disciplines fortes et innovantes. La politique scientifique du Centre doit donc également afficher des priorités au cur même des disciplines. Ces priorités, et leur traduction opérationnelle, feront l'objet de plans d'action de la part de chaque département scientifique. Les grandes lignes en sont résumées ci-après.
Physique nucléaire et corpusculaire
La physique subatomique sintéresse aux constituants les plus élémentaires de la matière, les quarks et les leptons, aux forces qui régissent les interactions fondamentales, à lassemblage de ces constituants quils soient assemblés en hadrons, en nucléons ou en noyaux. Lensemble de ces connaissances est confronté à ce que lon connaît de lUnivers, lors de sa formation et lors de son évolution. En France, le CEA est notre partenaire naturel.
1. Rechercher le Higgs, la supersymétrie et les dimensions supplémentaires : si le modèle standard en physique des particules donne une description cohérente de la très grande majorité des résultats, on ne comprend pas lorigine de la masse et lon a besoin de nouveaux ingrédients pour unifier linteraction forte et linteraction gravitationnelle à linteraction électrofaible. La recherche du Boson de Higgs, de la supersymétrie et des dimensions supplémentaires qui seules semblent autoriser une gravitation intégrée dans le monde quantique sera faite auprès du collisionneur de protons LHC, en cours de construction au CERN. Le CNRS participe à la construction de deux détecteurs dédiés à ces études. Durant cette période, le potentiel offert par le collisionneur installé près de Chicago aux Etats-Unis sera utilisé. Létude de la violation du renversement par rapport au temps, corrélé à lasymétrie observée matière antimatière est en cours détude à Stanford USA. Un détecteur est en cours de construction pour bénéficier du nouveau potentiel qui sera offert dans ce domaine au CERN. Dans le même temps, des études seront poursuivies sur cette même violation, dans le canal du neutrino.
Les transitions observées récemment entre deux variétés de neutrino, sont une évidence de physique nouvelle. Le CNRS participe à la construction dun détecteur, à installer au gran Sasso (Italie) pour utiliser un faisceau de neutrino produit au CERN et capable dobserver des neutrinos taus.
2. Développer "lastroparticule" : au travers de laxe interdisciplinaire présenté précédemment, et de lexploration de lUnivers.
3. Comprendre les états extrêmes de la matière nucléaire : pour la compréhension du noyau, on est passé de létude de la matière stable ou proche de la région déquilibre à létude de la matière dans des conditions extrêmes. Des collisions plomb-plomb qui seront disponibles au LHC vont permettre, grâce au détecteur actuellement en construction, détudier létat de la matière au premier instant de lUnivers. À plus court terme sera exploité le potentiel offert à plus basse énergie aux Etats-Unis à Brookhaven. La physique du noyau cherche à élucider les divers processus de nucléo synthèse, les limites de la stabilité de la matière nucléaire, son comportement dans les états extrêmes disospin et la recherche des éléments les plus lourds. On utilise les faisceaux de noyaux exotiques produits à Spiral auprès du Ganil, accélérateur d'ions lourds situé à Caen. Spiral devra par étapes être amélioré quant à lintensité et à la diversité des faisceaux délivrés. Spiral II, en cours détude, devrait permettre datteindre cet objectif. Des étapes ultérieures plus ambitieuses sont en cours détude au niveau européen. La structure du nucléon est étudiée auprès de machines à électrons aux Etats-Unis, au CEBAF et à Hambourg en Allemagne.
4. Vers le traitement des déchets nucléaires : létude des déchets nucléaires est effectuée dans le cadre des recherches sur laval du cycle électronucléaire (cf. axe interdisciplinaire). Des recherches de solutions innovantes pour les réacteurs du futur seront poursuivies.
5. Développer les instruments pour la physique subatomique et les autres disciplines : Lavenir expérimental repose sur les développements instrumentaux au niveau des détecteurs et au niveau des accélérateurs. Les collaborations européennes en R&D sur les techniques daccélération avec un spectre ouvert seront approfondies.
La nécessité de traiter de très grands flux dinformations impose le développement de nouveaux outils. Le CNRS est engagé dans la mise en uvre de l'approche "grille de calcul" avec de nombreuses applications.
Les applications des activités de la physique nucléaire dans dautres domaines seront poursuivies avec un effort particulier porté à linstrumentation dans le domaine de la biologie (imagerie du petit animal, effets des faibles doses de radiation, agrégats biologiques, hadronthérapie ).
Sciences physiques et mathématiques
1. Structurer les mathématiques. Cette structuration doit s'appuyer sur les grands courants qui influencent le développement actuel des mathématiques. La réunification des mathématiques autour des géométries, des systèmes dynamiques et des modélisations est une priorité (les cloisonnements multiples entre mathématiques "pures" et "appliquées" ne sont plus pertinents). Elle permet le renouvellement de louverture des mathématiques vers la physique, la mécanique et la mécanique des fluides et le développement des ouvertures vers les sciences de linformation, la génomique et les sciences de la vie, lenvironnement et léconomie.
La recherche mathématique française est au meilleur niveau mondial. Bien que les mathématiques soient une discipline comprenant une majorité duniversitaires, le rôle du CNRS est essentiel pour le développement et le renouvellement de cette recherche. La structuration de la communauté doit se poursuivre avec lorganisation de laboratoires pluri-thématiques, de Fédérations de Recherche, de Groupements de Recherche et dunités de service mettant en uvre des moyens communs, comme des bibliothèques et des centres de documentation réels ou virtuels.
2. Élaborer et vérifier les grandes lois de la physique : les grands problèmes de la physique fondamentale concernent des questions théoriques, comme lunification des interactions fondamentales dans un espace qui a probablement 11 dimensions, mais aussi la mise en place de tests des théories de base : recherche des ondes gravitationnelles, condensats atomiques de Bose-Einstein, étude des fermions fortement corrélés pour la supraconductivité, physique non linéaire et chaos.
3. Favoriser lémergence des nanosciences : un des axes prioritaires du département est constitué par les nanosciences et les nanotechnologies, domaine aux multiples enjeux à la fois disciplinaires et interdisciplinaires, traité dans la partie " nanosciences, nanotechnologies et nanomatériaux ".
4. Rechercher de nouveaux matériaux et nouveaux systèmes, de nouvelles propriétés électroniques, magnétiques et optiques : les recherches de base sur les semiconducteurs, les supraconducteurs, les nouveaux systèmes magnétiques, les matériaux pour loptique sont indispensables pour préparer la voie à des dispositifs innovants pour lélectronique rapide, lopto-électronique ou les systèmes denregistrement, susceptibles de mener à de nouveaux systèmes intéressant les technologies de linformation et de la communication.
5. Comprendre et maîtriser les systèmes complexes : les systèmes complexes de la matière " molle " sont les systèmes moléculaires organisés, les polymères, les émulsions, les mousses, les tensio-actifs, les cristaux liquides. Ils se situent à linterface avec la chimie, et représentent des enjeux industriels importants. Les membranes et les amphiphiles ouvrent sur des problèmes biologiques. Dans le domaine des granulaires (tas de sable, poudres) et des systèmes désordonnés, les applications vont de la science des matériaux aux sciences de lUnivers.
6. Renforcer linterface physique-biologie-médecine : linterface concerne limagerie pour la médecine et la biologie, létude de molécules uniques (ADN, protéines) et dassemblages dynamiques (moteurs moléculaires), les réseaux de neurones, la biologie structurale, la bio-informatique, les biopuces. Elle sappuie sur des programmes interdisciplinaires et des équipes mixtes.
7. Accroître limplication des physiciens dans les recherches sur lenvironnement : les méthodes de spectroscopie mises au point par les physiciens, importantes pour lanalyse de latmosphère et des polluants, sont soutenues dans le cadre de programmes de lINSU. Létude des matériaux dans des conditions extrêmes et les études de traces contribuent aux progrès de la géophysique et de la compréhension du système solaire.
8. Développer des instruments pour la physique et les autres disciplines : les laboratoires de physique développent de nouvelles méthodes détude de la matière, microscopie électronique, microscopie à sondes locales, optique champ proche, spectroscopie, imageries nouvelles (par exemple en milieux diffusants) qui apportent des techniques de plus en plus précises, en particulier pour la biologie et la médecine. Une grande partie de linvestigation en physique et dans les autres sciences se fonde sur lutilisation dinstruments communs, centrales technologiques de fabrication et dinvestigation, lasers aux performances ultimes, sources de rayonnement synchrotron et de neutrons, champs magnétiques intenses, qui doivent être mutualisés.
Sciences et technologies de linformation et de la communication
Naturellement présent dans les domaines dinterfaces : bioinformatique et biopuces, santé, sciences cognitives et communication, nanotechnologies, énergie électrique et environnement, le département développe ses priorités et programmes scientifiques et technologiques, organisés en chantiers, vers les systèmes dinformation et de communication, vers les méthodes et outils de conception, de simulation et de réalisation, et autour de la diffusion des STIC vers de nombreux champs applicatifs.
1. Ambiant : un continuum de communication et de traitement dinformation, dense et performant. Lenjeu est la création de réseaux déchange de données, à haute performance et haute accessibilité. Cela concerne les architectures de réseaux centralisées, réparties et ad hoc, les supports optiques et hertziens, les services de qualité et de sécurité, les systèmes et composants pour serveurs et terminaux.
2. Cyberspace : un espace d information et de communication ouvert, navigable et sûr. Lenjeu est la création de bases de connaissances distribuées, hétérogènes, dynamiques et sécurisées, disposant doutils évolués daccès, de traitement et de création : moteurs de recherche sémantique, traitement naturel des langages, techniques de raisonnement, de décision, de recherche et dextraction.
3. Interfaces : des interactions humaines amplifiées et facilitées. Réalité virtuelle, environnements dobjets communicants, assistants personnels intelligents, apportent une amplification des capacités humaines daction quil faut rendre accessible à tous et utile pour communiquer, séduquer, combler des handicaps, se soigner, produire et créer.
4. Complexité : une puissance technologique, logicielle et matérielle, pleinement utilisable. Concevoir des systèmes complexes matériels et logiciels performants, disponibles et sûrs est un enjeu critique pour lutilisation du potentiel croissant et quasi-infini des composants, des systèmes, des logiciels et des réseaux : Architecture, production coopérative, vérification, fiabilité en sont les clefs.
5. NanoInform, les micro et nanotechnologies pour le traitement de linformation : les recherches technologiques portent sur les dispositifs et technologies ultimes électroniques, photoniques et magnétiques, et sur le champ émergent des micro et nanosystèmes. Elles sappuient sur le réseau des grandes centrales technologiques pour les micro et nanotechnologies.
6. BioInformation : analyse, modélisation, visualisation, simulation et ingénierie du vivant.
Enjeux multiéchelles de la bioinformatique : protéome, systéome, à la bioélectronique : biopuces, microfluidique ; de limagerie médicale à la modélisation et à la simulation des systèmes.
7. Mems : les interactions information, matière, énergie. Elles existent au niveau macroscopique : robotique, réseaux dénergie, de capteurs et systèmes communicants, et au niveau microscopique : micro et nanosystèmes, capteurs et convertisseurs, microrobotique et microfluidique, micromoteurs.
8. Coop+ : les STIC au service et en synergie avec les autres sciences. Recherches STIC avec et pour les chercheurs dautres domaines scientifiques, sur lensemble de la chaîne dacquisition, de traitement, déchange et de stockage, mais aussi de modélisation, simulation et visualisation.
9. BasicSTIC : les sciences de linformation de la communication et des systèmes. Développer et structurer le champ des sciences de linformation, de la communication et des systèmes, sous leurs deux facettes matérielles et immatérielles, en interaction avec les disciplines surs : mathématiques, physique, chimie et en interaction avec les champs disciplinaires utilisant les notions dinformation et de système : sciences cognitives, sciences humaines et sociales, environnement, procédés.
Sciences pour l'ingénieur
Le cur scientifique du département SPI concerne la mécanique des fluides, des structures et des matériaux, lacoustique, la thermique et les transferts, la combustion, le génie des procédés, les lasers, les plasmas et lingénierie pour la santé. Il sagit daborder des systèmes réels particulièrement complexes en remplaçant progressivement lempirisme pour atteindre, à travers la modélisation et la simulation, des capacités prédictives quantitatives permettant loptimisation et le contrôle : ces objectifs requièrent la compréhension des mécanismes élémentaires et de leurs interactions, éléments clefs de lélaboration de modèles pertinents eux-mêmes à la base de simulations efficaces.
Dans cette perspective, la recherche qui sera développée doit permettre, par une meilleure structuration, l'ouverture vers linterdisciplinarité. Les axes prioritaires doivent conduire à :
1. Améliorer la pertinence des modèles : cette amélioration passe par lintégration dune meilleure description de systèmes faisant intervenir des phénomènes couplés en interaction avec leur environnement (modélisation des réacteurs chimiques ou plasmas, comportement mécanique des matériaux ).
2. Aborder des problèmes complexes : il sagit de développer des approches multi-physiques consistant à prendre en compte des phénomènes relevant habituellement de domaines scientifiques séparés (combustion et rayonnement, électro-physico-chimie des milieux poreux, magnéto-hydro-dynamique, tribo-corrosion, mécanique sous irradiation ).
3. Développer les approches multi-échelles : cet intérêt se traduit par la prise en compte, en plus des échelles habituelles, de phénomènes élémentaires à des échelles micro, voire nanoscopiques. Elle implique un rapprochement indispensable avec les préoccupations de la physique, de la chimie et des mathématiques appliquées (calculs en dynamique moléculaire, couplages continu-discret, simulation à léchelle des défauts responsables du comportement mécanique, thermique des nanofils ).
4. Développer une expérimentation sophistiquée : à linstar des problèmes abordés, cette expérimentation sophistiquée doit être menée dans des conditions transitoires, non homogènes, anisotropes mais aussi bien maîtrisées que possible. Elle bénéficiera des progrès des capteurs et de lélectronique dacquisition et de traitement (dynamique des matériaux et des structures, sollicitations mécaniques, vélocimétrie tridimensionnelle par imagerie de particules, acquisition simultanée concentration-vitesse-température, micro-tomographie in situ, spectroscopie ).
5. Faire coopérer de manière plus étroite expérimentation et simulation numérique intensive : les progrès des capacités de modélisation, des algorithmes et de la puissance de calcul permettent aujourdhui denvisager la simulation de configurations réalistes multi-physiques et multi échelles en géométrie complexe (simulations du comportement de milieux à microstructures complexes identifiées puis reconstruites par traitement dimage, imagerie médicale ).
6. Systématiser lutilisation des méthodes inverses et doptimisation : les progrès des modélisations, alliés à une expérimentation fine et aux techniques doptimisation permettent de systématiser lutilisation des méthodes inverses (identification de propriétés, restitution de champs) et des méthodes doptimisation des propriétés par ajustement des paramètres de contrôle.
7. Développer le contrôle actif : le contrôle actif des phénomènes instationnaires constitue un enjeu important en acoustique, aérodynamique, combustion, transferts et procédés pour améliorer les performances et la fiabilité. Il suppose un rapprochement avec les techniques de lautomatique en liaison avec le développement dactionneurs adaptés.
8. Synthétiser sous forme simplifiée les résultats de la recherche : cette volonté et cet effort, dont lune des voies est la réduction de modèles, permettront à nos partenaires socio-économiques et industriels de se réapproprier les résultats d'une approche de plus en plus détaillée.
Sciences chimiques
La chimie française, quatrième industrie mondiale et troisième exportatrice sur le plan national, doit disposer, en amont, dune recherche publique fondamentale de qualité et de niveau international. Elle doit être capable aussi, en partenariat, den développer les aspects les plus innovants. Le rôle du CNRS est particulièrement important, puisquil est en ce domaine le seul EPST présent et quil couvre 95 % de la recherche en chimie.
Six grandes priorités scientifiques orientent les activités pour les années futures et se traduiront dans les quatre années à venir par un certain nombre dactions concrètes :
1. La chimie de synthèse rénovée : le cur du métier reste la fabrication de nouvelles molécules, la conception de stratégies de synthèses, la compréhension des réactions et leur modélisation ; en chimie de synthèse et nanotechnologies, citons par exemple le réseau supramolécularité, autoorganisation et nanosciences, accompagné de limplantation dISIS à Strasbourg.
2. Les spectroscopies au service de lanalyse : les résolutions spatiales et temporelles de la femtochimie ouvrent des horizons nouveaux. La méthodologie analytique, grâce aux progrès des spectroscopies et détecteurs, est au centre des études sur lenvironnement. Les traductions concrètes se réalisent en spectroscopie, avec la mise en route et le développement du centre de spectroscopies laser et de radiolyse à Orsay, en environnement et en sécurité alimentaire : Institut des sciences analytiques de Lyon et Pôle analytique et de microfluidique de Paris.
3. Les catalyses, outils de la chimie industrielle : la catalyse combinatoire, les réactions catalytiques, la dépollution catalytique, sont les moteurs dune chimie propre pour un développement durable ; en chimie industrielle et énergie, le développement du réseau "catalyse et réactions de surface" et des plates-formes de catalyse combinatoire sont en projet.
4. La physique et la chimie de la matière molle : les progrès dans la chimie des interfaces de polymères et des colloïdes ouvrent de nouveaux domaines fondamentaux de la chimie de formulation et des systèmes moléculaires organisés ; limplantation nouvelle de lInstitut Charles Sadron à Strasbourg sur les polymères est un exemple de nos efforts en ce domaine.
5. La chimie du solide, base des matériaux : créer de nouveaux composants pour lélectronique, élaborer de nouveaux alliages, mettre en forme de nouveaux verres et céramiques. Cest une nouvelle approche, des nanomateriaux à la mise en forme des objets, qui est en cause. Les efforts en ce domaine cibleront le réseau grand bassin parisien RMN du solide et lInstitut de Nanosciences à Toulouse, en partenariat avec le département des sciences physiques et mathématiques.
6. La chimie du post génome : la détermination des sites réactifs des séquences, celle des fonctionnalités du génome vont faire appel à la biologie structurale et à la chimie virtuelle (screening, docking). La discipline simpliquera aussi, notamment, dans la protéomique et la génomique fonctionnelle, à léchelle moléculaire. Citons, en termes dactions en chimie thérapeutique et post-génome, la chimiothèque nationale accompagnée des plates-formes de criblage et de combinatoire qui sera implantée sur le territoire national. D'autres développements portent sur les biostructures des protéines à Grenoble et Strasbourg en partenariat avec les sciences de la vie et le CEA, et sur la RMN haut champ pour limagerie du petit animal (Orléans, Gif).
Ces axes prioritaires et ces actions contribueront à leffort général du CNRS, sur ses grandes priorités, et en particulier, la chimie de lenvironnement, chimie et énergie, chimie thérapeutique et santé, nano et microcomposants pour la technologie de linformation et de la communication.
Des évolutions structurelles doivent accompagner ces actions et axes principaux :
Sciences de l'Univers
1. Exploration du système solaire et de l'Univers : parmi les thématiques de recherche de lastrophysique et de lastronomie, létude des origines de lUnivers et de la structuration de la matière reste une priorité. La recherche et létude des planètes extra-solaires et lexobiologie sont des sujets récents et riches de découvertes fascinantes. Lexploration de la planète Mars, lévolution comparée des planètes du système solaire et l'étude de la matière extraterrestre (météorites, grains interplanétaires) sont appelées à des développements importants. Le fonctionnement du Soleil doit être mieux compris pour cerner son effet sur le climat de la terre. Pour les moyens dobservation, les priorités concernent le développement et lutilisation des outils européens et internationaux dobservation au sol dans les domaines radio (IRAM, ALMA) et visible (VLT, VLTI). Lobservation de lUnivers depuis lespace par les futurs télescopes reste un enjeu important.
2. Océan-Atmosphère et système climatique : pour la recherche sur latmosphère, les priorités sont l'amélioration de la prévisibilité des modèles atmosphériques, le rôle de nuages dans le bilan radiatif, les réactions chimiques dans l'atmosphère, la pollution de l'air dans les zones urbaines. Concernant locéan, un effort particulier doit être fait sur la contribution de l'océan à la variabilité climatique, les échanges océan-atmosphère, l'effet de la biologie sur la chimie de l'océan et l'évolution des zones côtières. Les travaux sur lamélioration des modèles climatiques et sur la compréhension de l'état climatique de la Terre avant l'ère industrielle doivent être soutenus. Finalement, la collecte de données pérennes au sol et dans l'espace doit être renforcée.
3. L'intérieur de la Terre : l'étude du fonctionnement de la Terre ne peut plus être compartimenté. Il s'agit de privilégier dans les années à venir les travaux qui décrivent les interactions et les couplages entre les différentes enveloppes de notre planète. Des recherches pertinentes sont attendues sur : les mécanismes chimiques et thermodynamiques d'évolution du noyau et du manteau terrestre ; les cycles des éléments chimiques sur Terre en relation avec le volcanisme, la convection du manteau, lorogenèse et l'érosion des continents, la circulation océanique passée, l'évolution de la lithosphère et son recyclage ; l'imagerie fine de la structure de l'intérieur de la Terre ; l'évolution du champ magnétique de la Terre en relation avec les mouvements de convection dans le noyau.
4. Les surfaces continentales : la surface des continents, composée de nombreux sous-ensembles aux caractéristiques physico-chimiques et biologiques différentes, constitue une extraordinaire source de questionnements scientifiques qu'il faut préciser dans les années à venir. Les axes de recherche suivants doivent être soutenus : les interactions entre la biosphère continentale, les sols et les cycles bio-géochimiques, les impacts du changement climatique sur les ressources en eau, en sol, et sur les écosystèmes, l'approche intégrée du cycle de leau et des flux associés.
5. La géo-biologie : les collaborations entre biologistes et géologues doivent être renforcées, en particulier en paléontologie par l'utilisation de la phylogénie moléculaire et de la génétique du développement. De même, les interactions entre matière minérale et organismes vivants, la recherche de traces minérales et chimiques de l'activité biologique sur Terre et la compréhension du développement de la vie dans des conditions extrêmes devront faire l'objet de travaux à la frontière de la biologie, de la chimie et des sciences de la Terre.
Sciences de la vie
Face aux perspectives ouvertes par lexplosion des connaissances sur les génomes et à lenjeu majeur que constitue limpact prévisible des changements globaux sur le vivant, la priorité en sciences de la vie est la mise en uvre dune réelle "biologie des systèmes intégrés". Elle implique une approche fonctionnelle, avec létude des mécanismes dintégration depuis la molécule jusquà lécosystème et, en sens inverse, avec une approche dont le point de départ est constitué par les mécanismes dadaptation des organismes vivants aux contraintes environnementales.
1. Les relations structures-fonctions des ARN, des protéines et des assemblages biomoléculaires
2. L'intégration des fonctions moléculaires dans la physiologie de la cellule, des organes, des organismes
3. Les mécanismes cellulaires et immunitaires et leur dérégulation par les agents pathogènes (virus, bactéries, parasites)
4. La diversité biologique et les interactions durables
Sciences de l'homme et de la société
Au-delà du renouvellement du soutien apporté aux thématiques couvrant les disciplines traditionnelles, le département des sciences de lhomme et de la société souhaite apporter une aide ciblée sur les secteurs suivants :
1. Champs de savoir
Un effort particulier sera porté sur :
La recherche historique est basée sur une documentation de nature double : les données archéologiques et les sources textuelles. Le CNRS apportera un soutien privilégié aux recherches consacrées à la constitution de ces deux types de documentation, quil sagisse de les analyser par des méthodes de plus en plus fines ou den assurer la conservation. Larchéométrie et la numérisation des textes anciens seront à ce titre privilégiées.
Elles ont pour objet létude scientifique de la faculté de langage à travers lanalyse de la diversité des langues, de leurs propriétés universelles et de leurs traits singuliers. Leffort très important accompli par les chercheurs du CNRS pour collecter et analyser des données provenant de langues très différentes permet de comparer, dévaluer et daffiner les diverses approches théoriques. Il convient de procéder à un regroupement des laboratoires en fédérations afin de leur permettre datteindre une taille critique à léchelle européenne.
Le dispositif de recherche dans ce domaine est excessivement dispersé. Léchec des projets successifs de création dun Institut dhistoire des sciences conduit à privilégier la conception dune organisation en réseau, à partir de quelques pôles forts de recherche caractérisés par des orientations thématiques et des partenariats institutionnels propres.
Lapparition récente dune nouvelle génération doutils de communication et laugmentation considérable de la quantité dinformations échangées transforment de manière significative le comportement des individus. Une compréhension approfondie de ces transformations et de leurs implications sur le fonctionnement de la société nécessite la mobilisation de plusieurs disciplines des sciences humaines et sociales (sciences du langage, économie, sociologie, droit). Les thématiques étudiées porteront plus particulièrement sur les interactions entre lhomme et les systèmes dinformation, la gestion des connaissances et des contenus multimédias et les droits immatériels.
2. Approches scientifiques intégrées
La compréhension des mécanismes cognitifs est un défi auquel sont confrontées non seulement les sciences de la vie mais aussi les sciences humaines et sociales. Trois disciplines majeures au sein des sciences cognitives relèvent des sciences humaines et sociales : la linguistique, lanthropologie cognitive et la philosophie de lesprit. À ces disciplines sadjoignent léconomie cognitive et, à létat émergent, larchéologie, la sociologie et la géographie cognitives. Il sagit maintenant duvrer pour transformer ce dispositif de recherche en réseau dexcellence européen.
La modélisation plus ou moins formalisée est inséparable de lactivité scientifique. Elle se développe de manière très différente selon les disciplines en fonction de leurs modalités de construction des objets de connaissance, du choix des méthodes denquête et des formes dadministration de la preuve. Entre les modèles, caractérisant les sciences dites théoriques ou expérimentales, et largumentation en langage naturel, propre aux sciences dites empiriques, il existe une vaste gamme de procédures. Il serait intéressant de les comparer et dexaminer lutilité et la possibilité de favoriser la circulation et les emprunts de modèles, visant au minimum des fins heuristiques et au maximum des fins intégratives.
Les notions de citoyenneté et de gouvernance concernent lhistoire, la sociologie mais aussi les sciences politiques et juridiques. Les travaux développés dans ce domaine sont de qualité mais pourraient bénéficier dune approche plus intégrée. La prise en compte de ce domaine de recherche comme lune des thématiques prioritaires dans le cadre du 6e PCRDT devrait nous permettre de renforcer les collaborations scientifiques entre nos laboratoires et les meilleurs laboratoires européens du domaine.
La structuration de la recherche à partir daires culturelles a fait lobjet de nombreuses critiques. Force est pourtant de constater que seule une intégration des connaissances historiques, culturelles et religieuses permet une compréhension de phénomènes difficilement explicables à partir de considérations trop compartimentées. La construction de l'Espace européen constitue un enjeu primordial, non seulement pour les spécialistes de l'Europe, mais aussi pour les chercheurs dont les travaux sont consacrés aux autres grandes aires culturelles, dans un contexte de mondialisation
3. Développement de plates-formes technologiques
Une politique volontariste de développement de plates-formes
technologiques permettra daméliorer la qualité de la collecte,
du stockage et du traitement des données dans lensemble des sciences
humaines et sociales. Au-delà des outils traditionnels dans le domaine
de la documentation (chaînes de numérisation, publications en ligne,
etc.) et de la construction de bases de données iconographiques, textuelles
et sonores de plus en plus sophistiquées, il sagira, par exemple,
de développer des instruments dimagerie performants, susceptibles
daboutir à des reconstructions réalistes (imagerie 3D) à
partir de données originales dégradées (fossiles, artefacts,
éléments darchitecture, etc.) dans le domaine des sciences
historiques ou encore dutiliser les techniques dimagerie cérébrale
(potentiels évoqués, résonance magnétique) pour
évaluer les différentes hypothèses concernant le fonctionnement
du langage.
Lévolution de la répartition des chercheurs entre les différentes thématiques et axes disciplinaires et interdisciplinaires exposés ci-dessus fera lobjet dun suivi. Celui-ci sera présenté annuellement au Conseil scientifique et au Conseil dadministration du CNRS.
La direction générale du CNRS aura à traduire en action les orientations scientifiques présentées dans la première partie.
Son rôle en ce domaine, mais aussi pour les autres aspects de la politique du CNRS : relations internationales, partenariat, gestion... consiste à faire des choix, puis orienter, supporter, accompagner les projets retenus.
Ce faisant, la direction générale aura à tout instant la préoccupation de privilégier lexcellence et de favoriser lémergence de thèmes nouveaux.
Ainsi, la prise de risque, qui est une dimension de lactivité du chercheur, sera encouragée et léventualité de léchec, qui est associé au risque, acceptée.
Afin de donner un contenu concret aux orientations fixées par le projet détablissement, le présent document propose des actions pratiques, aussi opérationnelles que possible, dans six domaines prioritaires.
Cette démarche est guidée par la volonté de donner au lecteur une claire perception des orientations présentées.
Pour autant, cet affichage nexclut pas la nécessaire concertation qui interviendra au moment de la mise en uvre effective, de façon à ce que les acteurs et les instances concernées soient partie prenante de ces évolutions.
Les actions que le CNRS et sa tutelle mettront en uvre dans chacun des six domaines daction prioritaires feront lobjet dun suivi annuel. Un ensemble dindicateurs, permettant de quantifier les objectifs et dassurer le suivi du présent contrat, seront élaborés par le CNRS et ses tutelles avant la fin du mois de juin 2002. Ils feront lobjet dune présentation annuelle devant le Conseil dadministration.
Contexte et objectifs :
Le CNRS a introduit au cours des années passées de multiples mécanismes visant à favoriser le développement de linterdisciplinarité, les Programmes Interdisciplinaires de Recherche (P.I.R.) notamment. Ainsi de réelles avancées ont pu être faites en cette matière. Afin de poursuivre dans cette voie et de favoriser un véritable décloisonnement des champs disciplinaires, il convient maintenant de lever les freins qui demeurent encore au niveau même de la logique dorganisation du CNRS, quil sagisse de la structuration en départements et en sections à dominante disciplinaire, des procédures de recrutement ou dévaluation du déroulement de carrière des chercheurs.
Aussi, pour donner une nouvelle impulsion, une action aux divers échelons de lorganisation du CNRS doit être envisagée :
Action du CNRS :
- Au niveau des structures :
Au niveau des programmes :
2 - DEFINIR DES ORIENTATIONS; LES METTRE EN OEUVRE :
Le pilotage dun établissement tel le CNRS passe par deux étapes : la définition dorientations claires, et connues de tous, sappuyant sur les conseils (conseils de laboratoire, conseils scientifiques) dont le rôle est dassurer le croisement de démarches ascendantes et descendantes; la maîtrise de lattribution des moyens au service de ces orientations.
Le diagnostic porté par la cour des comptes à loccasion de laudit réalisé sur la gestion du CNRS de 1996 à 1998 mettait en lumière la faiblesse du Centre dans ces deux domaines. La haute juridiction relève dune part une insuffisante visibilité des perspectives tracées par les directions générales précédentes, et dautre part le manque dinstruments de pilotage.
Le présent contrat daction pluriannuel est une occasion dapporter une réponse à ces critiques; des actions seront engagées dans deux directions : les premières visant à disposer des instruments permettant déclairer les choix du CNRS pour lavenir et de tracer des perspectives pluriannuelles, en dautres termes de définir sa stratégie; les secondes ayant pour but de donner à la direction générale les moyens lui permettant de mettre en uvre sa politique et de mesurer la manière dont ses choix se traduisent dans les faits.
2-1 Eclairer les choix; tracer les perspectives.
2-1-1 Clarifier les modalités et les acteurs de la prospective scientifique :
Contexte et objectifs :
À loccasion des réflexions engagées au sein du CNRS dans la perspective de définir le projet détablissement, le besoin de compléter le dispositif de veille et danalyse dans le domaine de la prospective scientifique est apparu, pour aider à la construction de la stratégie du CNRS. En effet, une abondante information et de nombreux travaux existent en cette matière au sein de lorganisme mais ils méritent dêtre systématisés et synthétisés afin dapporter à la direction générale les éléments nécessaires à la définition des priorités.
Une démarche prospective nécessite à la fois un large balayage du champ scientifique et une connaissance très concrète et précise des avancées observées ; dans le même temps une approche densemble, du recul, une certaine " hauteur de vue ", une analyse de lenvironnement social et économique simposent de façon à bien identifier les points saillants, et à ne pas sur-interpréter un phénomène ponctuel.
Pour cette raison, le choix dune approche " bottom up " est justifié ; elle permettra de bénéficier de toute la richesse quoffre la multiplicité des analyses réalisées par les laboratoires (la réflexion sur la prospective doit en effet être un des éléments de lactivité des chercheurs). Elle doit toutefois être complétée par un dispositif garantissant que labondante information ainsi produite, sera triée, synthétisée et exploitée.
Action du CNRS :
2-1-2 Mettre en place la gestion prévisionnelle des emplois.
Contexte et objectifs :
Dans le cadre du plan de gestion prévisionnelle de lemploi scientifique arrêté par le gouvernement, il appartient au CNRS détablir sa politique en matière de recrutements, cohérente avec les orientations scientifiques figurant au présent contrat. Cette politique sera menée en liaison avec les politiques demploi des universités. En effet, lactivité de recherche est conditionnée en premier lieu par le recrutement de chercheurs dexcellence qui est le premier acte, pour ne pas dire lacte majeur, dune politique scientifique.
La période qui souvre offre des opportunités tout à fait particulières en raison du nombre de départs à la retraite qui interviendra dans les années futures : rappelons que dici 2012, 52 % des chercheurs et 50 % des ITA auront quitté le CNRS. Ainsi des possibilités de rééquilibrage en faveur des disciplines ou des axes prioritaires sont ouvertes et il importe de ne pas manquer ce rendez-vous. Par ailleurs, il convient de ne pas consolider les à-coups démographiques résultants des recrutements des années passées.
Aussi la politique en matière demploi répondra aux principes suivants :
Pour les chercheurs, ces objectifs seront atteints dans le cadre dun taux de recrutement statutaire annuel moyen de 4 % environ de leffectif, permis par le taux annuel de départ, parallèlement à laugmentation du nombre de postes daccueil, apportant au CNRS la jouvence nécessaire, facteur dune forte dynamique scientifique.
Le recours à des accueils sur contrat doit en outre offrir la possibilité de recevoir temporairement des chercheurs étrangers de haut niveau, des chercheurs ou ingénieurs venant de lindustrie.
Action du CNRS :
Action de la tutelle :
2-2 Se doter des outils permettant la mise en uvre et le suivi des choix stratégiques.
La mise en uvre des orientations que le CNRS aura définies nécessite à la fois une organisation opérationnelle, une plus grande responsabilisation des divers acteurs, permettant une prise de décision au plus près du terrain, et des outils de conduite et de suivi de laction.
Dans cette perspective, le CNRS agira dans les directions suivantes :
2-2-1 Responsabiliser les acteurs; créer des références communes de direction et danimation
Contexte et objectifs :
Ladoption dune démarche visant à donner aux divers responsables du CNRS, aux divers niveaux, une compréhension et des références communes relatives à la notion de responsabilité et aux règles de direction et danimation, doit prendre en compte les éléments de contexte propres aux établissements publics de recherche :
Plus généralement, il importe que les différents acteurs connaissent avec précision le champ des responsabilités qui sont les leurs, sachent les orientations qui leurs sont données, disposent des outils et de la formation, qui leur permettront dassumer au mieux ces responsabilités.
Action du CNRS :
La première année du contrat sera mise à profit pour élaborer une charte de lencadrement au CNRS. Ce document sera établi en étroite concertation avec les représentants des divers niveaux hiérarchiques concernés.
Action de la tutelle :
2-2-2 Généraliser le "contrat" comme mode de relation entre les différents niveaux.
Contexte et objectifs :
La mise en uvre dune politique scientifique suppose la prise en compte à chacun des niveaux des orientations définies par la Direction générale.
Si la découverte ne se programme pas et si la prise de risque reste inhérente au travail de recherche, il est cependant nécessaire de veiller à la cohérence de ces orientations, définies en termes généraux, et des thèmes de recherche auxquels se consacrent les laboratoires. Pour ce faire, un mode de relation contractuel, permettant un échange et une concertation, sera généralisé. Ce contrat daction sera loccasion de la rencontre des propositions des laboratoires et des objectifs de la direction générale. Il ménagera les espaces de liberté nécessaires à la prise de risque inhérente au métier de la recherche. La conclusion de cet échange sera consignée sur un support écrit, le contrat, dans lequel apparaîtront les engagements réciproques des parties.
Sagissant des unités mixtes avec luniversité, cette prise en compte se fera selon les modalités exposées au point 4 ci-dessous.
Action du CNRS :
Dans ce cadre le directeur dunité proposera, après concertation avec les acteurs concernés et après avis du conseil de laboratoire, labandon des thèmes obsolètes, la reconfiguration des équipes, les thèmes émergents. Figurera, en appui à cette proposition, une prospective des emplois de lunité, chercheurs et enseignants chercheurs, ita et iatos, les perspectives en matière dévolution des compétences, le plan de formation correspondant. Les autres aspects de lactivité liée à la recherche (valorisation, enseignement, culture scientifique et technique) pourront être traités dans ces contrats. La direction scientifique sengagera sur loctroi de moyens financiers et des moyens humains pour les quatre ans. Ainsi lattribution des moyens, annuelle par nature, deviendra-t-elle quadriennale pour la partie concernant les unités rentrant dans le cycle des contrats quadriennaux futurs. Sagissant du CNRS cet engagement pourra porter sur les 2/3 , au plus, des départs des personnels prévus sur la période ; les autres postes seront attribués annuellement dans le cadre de la mise en uvre du schéma stratégique de département. Les postes de chercheurs ou dITA pourront être fléchés ; ils seront alors pourvus par recrutement ou mobilité. Pour les moyens financiers lengagement portera sur les moyens de fonctionnement récurrents et lacquisition déquipement, qui est variable dune année à lautre. Il sera proposé à luniversité dêtre partenaire du contrat daction avec le laboratoire.
Tous les 12 ans au plus, une complète remise à plat de lunité interviendra qui pourra aller jusquà la dissolution de lunité ou de certaines équipes. Cette remise à plat utilisera en particulier les éléments de la réflexion prospective conduite par lunité.
Action de la tutelle :
Dans le cadre du plan de gestion prévisionnel de lemploi scientifique le ministère de la Recherche attribuera les moyens humains sur lesquels il sest engagé.
2-2-3 Faire de lévaluation un levier de laction
Contexte et objectifs :
Lévaluation par les pairs pratiquée par le Comité national est sans conteste un facteur majeur de la dynamique et de la qualité de la recherche et, à ce titre, il convient de lui conserver la place de premier plan quelle occupe dans le dispositif scientifique. Pour autant, elle nest pas exempte de faiblesse : ainsi, son mode dorganisation peut se révéler source de contraintes, voire de conservatismes, en particulier au moment où lon souhaite promouvoir linterdisciplinarité (Cf. point 1 ci-dessus).
Si la pratique actuelle répond bien au souci dévaluer la recherche académique, il nen va pas de même des activités interdisciplinaires et des autres aspects de lactivité du chercheur : transfert et valorisation, enseignement, diffusion des connaissances, vulgarisation. En conséquence le travail des chercheurs se consacrant à ces activités, nécessaires pour le CNRS, nest pas suffisamment reconnu et ceux-ci hésitent à sorienter dans ces directions. Enfin, ce mode dévaluation ne met pas en relief le lien entre les moyens engagés et les résultats obtenus, dimension qui est une préoccupation de toute institution publique.
Afin dêtre, plus encore quactuellement, un outil au service de la politique du Centre, le dispositif en place mérite principalement dêtre complété dans trois domaines : celui de lévaluation de la recherche interdisciplinaire, celui de lappréciation portée sur les activités du chercheur autres que la recherche proprement dite ; celui de lévaluation stratégique de lactivité des unités qui est un élément déterminant du pilotage scientifique des unités par les départements.
Dans cette perspective, le CNRS engagera en lien avec le Comité national et le Conseil scientifique une réflexion sur lévaluation, ses finalités, les pratiques souhaitables, les critères à utiliser. Le problème des jurys de recrutement sera notamment examiné à cette occasion. Il sagira de faire évoluer les pratiques des sections du Comité national pour les conduire à mieux prendre en compte les orientations stratégiques de lorganisme, les recherches faisant appel à plusieurs disciplines et les différents aspects du métier de chercheur.
Action du CNRS :
Lévaluation des unités est de la responsabilité des sections du Comité national. Elle sappuie sur lavis des comités dévaluation.
Sagissant des perspectives pour les quatre années à
venir, le laboratoire présentera un document dorientation
qui précisera :
Le comité dévaluation analysera ces éléments
et formalisera un avis. Cet avis sera adressé aux sections du
comité national qui en tiendront compte dans leur évaluation.
Il sera également transmis de façon simultanée,
ainsi que celui du comité national, aux directeurs scientifiques,
et dans le cas des UMR au président ou directeur de létablissement
partenaire et à la tutelle.
2-2-4 Concilier attentes du personnel et besoins du CNRS. Susciter la mobilité.
Contexte et objectifs :
La mise en uvre dune politique nécessite la compréhension et ladhésion des agents de lorganisme qui seront in fine les acteurs de celle-ci, en particulier par le biais de lévolution de leur missions et des responsabilités qui leur seront confiées.
Cette mobilisation passe inévitablement par un relais de la hiérarchie. Il est donc important de susciter des lieux de dialogue et déchange entre les responsables dune part et les agents dautre part.
Ce dialogue devra être loccasion dévoquer les perspectives dévolution professionnelle de lagent. Celles-ci doivent dans toute la mesure du possible trouver une suite positive. Cest ainsi que le CNRS demeurera un organisme vivant et réactif, par la capacité de ses agents à évoluer et à être mobilisés.
La mobilité interne et externe, thématique et fonctionnelle, est en effet un outil et une richesse indispensable pour le CNRS qui pourra par ce biais sadapter aux évolutions de la science et aux attentes de la société.
Pour autant, la mobilité ne recueillera ladhésion des agents que sils y trouvent intérêt. Il convient donc davoir en cette matière une politique volontariste, consistant à créer un dispositif de reconnaissance de leffort que réalisent les agents qui sengagent dans une mobilité et des mécanismes pratiques facilitant ces mobilités.
Les évolutions ici abordées ne sont que des pistes qui feront lobjet déchanges avec les représentants du personnel et dune négociation en CTP détablissement ; Elles seront formalisées dans le cadre dun schéma directeur des ressources humaines.
Action du CNRS :
Dans le cadre du renouvellement des effectifs et en particulier de lencadrement :
- Laccession des jeunes à des fonctions de responsabilité sera encouragée
Action de la tutelle :
Prendre les dispositions réglementaires adaptées à la mise en uvre du schéma directeur des ressources humaines.
Contexte et objectifs :
Disposer dun système dinformation performant est aujourdhui un des facteurs clés de lefficacité des organisations.
Aussi, le CNRS a-t-il engagé une rénovation de son système dinformation centrée sur les objectifs suivants :
Action du CNRS :
2-2-6 Mobiliser les moyens financiers et humains au service de la recherche
Contexte et objectifs :
Le CNRS a rencontré dans la période récente une réelle difficulté à mobiliser la totalité de crédits et des postes dont il disposait. En particulier des reports de crédits ont été observés, pour des volumes de plus en plus importants, alimentés pour une grande partie par les ressources contractuelles. Le nombre de postes vacants était jusquen 2001 de plusieurs centaines en année moyenne.
Cette situation est, pour une part, liée à des lourdeurs de gestion quil convient de lever, pour une autre part, à un comportement de prudence des responsables quil faut faire évoluer.
Pour changer cet état de fait il importe que le CNRS soit attentif à une utilisation optimale de ses ressources au service de la politique scientifique.
Action du CNRS :
3 - INVESTIR LESPACE EUROPÉEN DE LA RECHERCHE :
Contexte et objectifs :
La construction de lEspace européen de la recherche offre une opportunité de créer des partenariats avec les autres organismes de recherche européens, les PME-PMI, ainsi que les grands groupes industriels, positionnant plus favorablement la recherche française dans la compétition internationale. LEurope constitue ainsi un axe structurant de la stratégie de chaque organisme de recherche.
Les outils définis par la Commission dans le cadre des orientations du 6e PCRDT pour structurer lEspace européen de la recherche, en particulier les réseaux dexcellence, font quun positionnement institutionnel du CNRS, au-delà de la démarche des laboratoires pris individuellement pour accéder aux financements communautaires, est une nécessité stratégique.
En effet, le CNRS en raison de la place quil occupe dans la recherche européenne du fait de sa taille, mais aussi de la multiplicité des disciplines quil couvre, dispose datouts pour tenir un rôle de premier plan dans le dispositif que la Commission souhaite mettre en place.
Cette démarche devra être conduite en concertation et en accord avec les partenaires du CNRS, et en tout premier lieu avec les universités.
Elle a pour objet didentifier et de faire émerger les partenaires potentiels des réseaux dexcellence ; de mettre en place un dispositif permettant de réaliser une plus forte intégration des structures de recherche en lien avec des institutions européennes ; de dégager les moyens pour coordonner ces initiatives et répondre aux appels doffre européens.
Action du CNRS :
Mettre en place les instruments de la politique européenne : réseaux dexcellence, projets intégrés, initiatives intégrées selon le schéma suivant :
Pour les réseaux : les organiser durant lannée 2002,
lobjectif étant pour le CNRS dêtre coordonnateur dune
dizaine de réseaux dexcellence tous axes confondus, et dêtre
membre de 3 ou 4 réseaux par thématique prioritaire. Former avec
les autres organismes et les universités les chefs de projet. Structurer
ces réseaux autour de leur centre de gestion, dont la ou les formules
demeurent à préciser.
Pour les projets intégrés : rechercher des partenaires industriels y compris européens susceptibles de participer à ces projets. Le contact avec ceux-ci sera organisé de façon à établir, de manière simple, la relation avec les départements scientifiques et surtout les laboratoires concernés, afin de définir ces projets. Dans ce cadre, certains programmes interdisciplinaires seront étendus à lensemble de la communauté scientifique européenne.
Aborder systématiquement la problématique des très grandes infrastructures dans une optique de partenariat européen et dans le cadre de la politique coordonnée par le ministère de la recherche.
Mettre en place des unités mixtes de recherche avec des partenaires des autres pays de lunion. Le CNRS engagera cette démarche sans attendre, en utilisant les marges que lui offre la réglementation actuelle (possibilité de contracter avec un partenaire étranger, possibilité denvoyer un agent en mission à létranger pour des durées variables etc.). Il proposera à sa tutelle des assouplissements permettant daller plus loin dans cette voie. Les évaluations européennes de ces laboratoires mixtes seront un atout et un signe fort de la place du CNRS dans lEspace européen de la recherche. Une réflexion sera engagée sur ce sujet, en association avec le Comité national.
Action de la tutelle
Faire évoluer la réglementation pour pouvoir mettre un chercheur national à disposition dun organisme européen, ouvrir un centre de dépense dans une unité dun organisme européen et créer des dispositifs de gestion adaptés.
Faire reconnaître la recherche fondamentale comme une des composantes de la recherche européenne
4 - APPROFONDIR LE PARTENARIAT AVEC LES UNIVERSITÉS :
Le terme Université s'entend ici au sens générique; il faut comprendre l'ensemble des établissements d'enseignement supérieurContexte et objectifs :
Le CNRS occupe une place tout à fait particulière au sein du dispositif de recherche national qui le conduit tout naturellement à jouer un rôle déterminant dans la structuration de celui-ci. Ainsi la politique que le Centre mettra en uvre influera-t-elle fortement le paysage de la recherche française pour les années futures. À cet égard linterpénétration très étroite de luniversité et du CNRS est indiscutablement un atout ; toutefois cette situation impose que le mode de relation avec ce partenaire soit clairement défini, de façon à créer une situation garantissant la mise en uvre dans de bonnes conditions daxes politiques partagés.
Dans cette perspective, les ministères chargés de la recherche et de lenseignement supérieur mettront en place une instance de concertation associant la CPU et les organismes de recherche ayant pour objet de discuter les orientations à promouvoir dans le cadre de leurs partenariats.
Au plan local, qui est le lieu où se réalise concrètement le partenariat, ces orientations se traduiront dans le cadre daccords spécifiques entre le CNRS et luniversité. Il va de soi que la plus ou moins forte implication du CNRS auprès des universités justifiera une déclinaison plus ou moins détaillée et complète de ces orientations. À cette fin, lorsque les partenaires le souhaitent, en complément du contrat quadriennal global conclu entre luniversité et la tutelle, une annexe sera signée par le CNRS et luniversité déclinant les perspectives scientifiques partagées et lengagement sur les moyens, humains, matériels et financiers, qui y seront consacrés par les deux parties. Une politique de mobilité des personnels sera mise en uvre dans ce cadre au service de projets scientifiques partagés.
Cest principalement au sein des UMR que la mise en uvre pratique de ces orientations devra sopérer. La généralisation des UMR dans la période récente, pour fructueuse quelle ait été, nécessite une clarification du rôle que doit jouer chacun des partenaires vis-à-vis de lunité. En effet, la notion dUMR comporte un double aspect : label de reconnaissance, lié à lévaluation réalisée par le comité national ; témoignage dune volonté de conduire une démarche commune aux deux organismes de rattachement. Il importera donc au moment où le CNRS souhaite clarifier ses orientations scientifiques et traduire celles-ci en politique, de bien identifier les unités ayant vocation à être le vecteur de sa politique.
Action du CNRS :
La politique de renouvellement et de création dunités mixtes de recherche sera poursuivie avec la volonté partagée dagir en cohérence avec le projet scientifique de luniversité et du CNRS
En amont du processus de contractualisation aura lieu une première étape de la discussion stratégique entre le CNRS et son partenaire universitaire. Elle portera sur les thématiques à développer, sur les laboratoires à créer, renouveler, supprimer, sur les moyens à affecter et les outils logistiques à développer en commun. Les ministères chargés de la recherche et de lenseignement supérieur seront informés du résultat de cette concertation.
Ensuite, les ministères chargés de lenseignement supérieur et de la recherche négocieront un contrat quadriennal avec luniversité portant sur les engagements de lEtat sur les moyens humains et matériels (équipements; infrastructure )
Lorsque la concertation entre le CNRS et luniversité conduit à un accord détaillant les perspectives scientifiques partagées et les moyens à mobiliser dans ce cadre, cet accord sera formalisé dans un document signé par ces deux partenaires. Il sera annexé au contrat quadriennal signé entre lEtat et luniversité.
Dans le cas où cette négociation ne conduit pas à la définition dorientations communes à luniversité et au CNRS, lengagement du CNRS dans les UMR apparaîtra au contrat quadriennal de luniversité qui sera alors signé par le CNRS, luniversité et la tutelle.
Le délégué régional sera associé étroitement à ces échanges et aux opérations relatives à la contractualisation, afin qu il soit par la suite le garant, sous lautorité de la direction générale, de la cohérence et de la bonne articulation des orientations définies à cette occasion avec les perspectives régionales.
Lorsque les conditions sont réunies le CNRS et luniversité (les universités le cas échéant) mettront en place une cellule commune de valorisation.
Dans le cas où un SAIC (service dactivités industrielle et commerciale) ou une filiale existe à luniversité, le choix de létablissement gestionnaire de tous les contrats concernés sera opéré librement par les partenaires pour chacune des unités mixtes. Lorsque le SAIC de luniversité est gestionnaire des contrats, les dépenses assumées par le CNRS pour leur exécution feront lobjet dun reversement à lunité mixte concernée.
Conformément aux orientations du Schéma de Services Collectifs de lenseignement supérieur et de la recherche, le CNRS participera au développement du potentiel de recherche sur le territoire national en direction des régions à dynamique universitaire forte où les organismes de recherche sont encore peu présents, le Nord et lOuest en particulier.
Action de la tutelle :
Tout ajustement réglementaire engagé durant la durée du contrat, concernant luniversité ou le CNRS, sera réalisé avec le souci de faire converger les dispositifs propres aux EPST et aux EPCSCP afin de faciliter le fonctionnement des UMR. La tutelle garantira léchange dinformation entre les partenaires permettant à chacun deux davoir une vue de lensemble des moyens consolidés, humains, financiers, matériels dont disposent les UMR.
Dans le cadre du partenariat, les coûts liés à lenvironnement de la recherche (infrastructure, personnels techniques, équipement..) feront lobjet dune discussion dans le cadre de linstance de concertation mise en place par les ministères de tutelle.
Le contrat signé entre les ministères chargés de lenseignement supérieur et de la recherche et luniversité soulignera, dans le volet recherche, les engagements de ces ministères sur lensemble des moyens humains et financiers (incluant les infrastructures) alloués aux universités.
Sur la base des évaluations des unités de recherche, le contrat quadriennal fera apparaître des dotations en partie globalisées, comportant une répartition indicative par unité de recherche et par projet.
Ainsi, dans le cadre des moyens qui sont accordés à luniversité par la tutelle au titre du volet recherche du contrat quadriennal, le président négociera lannexe recherche signée entre le CNRS et luniversité.
Lorsque les échanges entre luniversité et le CNRS nont pas permis la définition dorientations en commun, lengagement du CNRS dans les UMR apparaîtra alors au contrat quadriennal signé par le CNRS, luniversité et la tutelle.
Les ministères chargés de la recherche et de lenseignement supérieur garantiront léchange mutuel dinformations entre le CNRS et luniversité pour permettre à chacun davoir une vision globale des activités de valorisation auquel il participe.
5 - VALORISER ET TRANSFÉRER LES RÉSULTATS DE LA RECHERCHE
Contexte et objectifs
Après la mission de recherche proprement dite, la seconde mission inscrite dans le statut de létablissement est la valorisation des résultats de la recherche quil sagisse de valorisation économique, mais aussi sociale et culturelle de ces résultats. Le CNRS doit être en mesure, dans son organisation et sa stratégie, danticiper les grandes évolutions économiques et technologiques. Dans un environnement mondial où le secteur industriel est en évolution rapide et pour lequel le progrès scientifique et technique est la source principale du développement économique, il est de son devoir, en concertation avec ses partenaires industriels, de contribuer à cet effort national.
Le développement du partenariat avec les entreprises a connu ces vingt dernières années un réel essor. En ce domaine, la prise de conscience des chercheurs à la suite des Assises de la recherche en 1982, confortée par les nouveaux statuts de 1983 et enfin encouragée par la loi sur linnovation de 1999 a considérablement progressé. Ils ont clairement vu les possibilités offertes par la recherche en collaboration avec les industriels, aussi bien pour le transfert de technologie, quen termes denrichissement des thématiques scientifiques. Le développement de ce partenariat présente donc un aspect doublement positif : pour le secteur économique qui bénéficie dun transfert plus rapide des résultats de la recherche et pour le CNRS lui-même, qui y puise de nouveaux sujets et de nouvelles questions adressées à la recherche.
La valorisation des connaissances, issues aussi bien des recherches propres de lorganisme que de la recherche en collaboration avec les entreprises repose principalement sur le dépôt et lexploitation de brevets, la concession de licences de savoir-faire ou de licences de logiciels et la création dentreprises. La valorisation repose également sur le recrutement par les entreprises de doctorants ayant effectué leur recherche dans le cadre dun contrat industriel.
Lorganisme sest doté, ces dernières années, dorientations nouvelles en matière de propriété intellectuelle qui visent à lui assurer la propriété ou la copropriété des résultats. Cette politique crée les conditions permettant à lorganisme de sassurer des retombées des fruits de son activité au bénéfice de la collectivité nationale.
Le CNRS poursuivra et amplifiera sa politique de partenariat avec les entreprises industrielles dans le cadre du déploiement de sa stratégie scientifique sur les plans national, communautaire et international.
Il importe donc que les personnels qui inscrivent leur activité dans la perspective dune exploitation économique de leurs résultats, soient formés et sensibilisés aux problématiques de la propriété intellectuelle et au transfert de technologie.
Le CNRS a incité largement la communauté scientifique à saisir les possibilités offertes par la loi sur linnovation concernant la création dentreprises qui devient ainsi un nouveau mode de valorisation à développer. Le CNRS sest déjà fortement impliqué dans le processus daide à la création dentreprise, notamment en participant activement à la mise en place dincubateurs dans le cadre de laction menée par le ministère de la recherche. Cest ainsi que, depuis le début de lannée 2000, plus de 70 entreprises ont été créées à partir de technologies développées dans les laboratoires.
Il reste cependant à sensibiliser et informer encore les experts des sections du comité national pour que cette facette de lactivité des chercheurs soit mieux prise en compte et que des critères pertinents soient élaborés pour le jugement des activités de valorisation, afin quelles participent, au même titre que les activités de recherche, à lavancement des agents.
Action du CNRS
Les actions que le CNRS mènera au cours des prochaines années touchent trois domaines :
Partenariat avec les entreprises
Développer le partenariat avec les entreprises, notamment en sappuyant sur la politique daccords-cadres ; au moins 3 accords-cadres seront négociés (ou renégociés) chaque année en introduisant une clause de propriété des résultats préservant les intérêts du CNRS ; Augmenter les ressources provenant de ces partenariats.
Faire connaître "loffre" des laboratoires aux entreprises : le logiciel permettant didentifier les laboratoires détenant des compétences particulières susceptibles de les intéresser sera progressivement déployé, en accès libre, au cours de lannée 2002. Sa version en langue anglaise sera élaborée parallèlement ;
Participer à lémergence de nouvelles entreprises de technologie avec un objectif de 50 créations par an. Le CNRS valorisera sa propriété intellectuelle, par des participations à ces sociétés nouvellement créées à travers sa filiale de valorisation.
Actions en direction des personnels
Amplifier les actions de sensibilisation des personnels à la valorisation des résultats de leurs recherches et à la préservation des conditions de leur exploitation économique éventuelle ; mettre en place des cycles de formation aux relations contractuelles, à la valorisation et à la création dentreprises.
Assurer une meilleure prise en compte des activités de valorisation lors des évaluations et des promotions : aide au transfert de technologies, création dentreprise, consultance, etc.
Désigner dans les laboratoires importants, ou par groupes de laboratoires, un chercheur ou un ingénieur " correspondant valorisation " qui bénéficiera, à ce titre, dune formation spécifique. Il sera le correspondant privilégié du service de valorisation. Il conseillera les acteurs du laboratoire, en phase initiale, et assurera une fonction de détection, en première approche, des inventions susceptibles dêtre valorisées.
Engager à titre expérimental une démarche qualité en recherche, dune part, et une démarche qualité des procédures de valorisation, dautre part, de façon à répondre au mieux aux attentes des partenaires de lorganisme.
Actions dorganisation interne
Augmenter les dépôts de brevets ; identifier ceux faisant lobjet dextension internationale, de contrat de licence, de redevance.
Achever la refonte du système dinformation de suivi des contrats et de la valorisation, de façon à permettre à tous les intervenants concernés dassurer le suivi nécessaire, et diminuer les délais de traitement des dossiers.
Restructurer la filiale de valorisation "FIST"; clarifier sa mission par rapport à la Délégation Aux Entreprises. Laction de FIST sera centrée sur le courtage de technologies et laide à la création dentreprises. Le CNRS étudiera la possibilité de créer auprès de FIST un fonds damorçage.
6 - ÊTRE ACTEUR DES RELATIONS ENTRE LA SCIENCE ET LA SOCIÉTÉ :
Contexte et objectifs :
Cest un lieu commun que de dire que la position du citoyen à légard du fait scientifique a radicalement changé au cours du siècle écoulé : de lapproche pleine de confiance et despérance dans le progrès, qui a caractérisé le début du XXe siècle, au doute et parfois à la méfiance constatés fréquemment de nos jours à légard de lavancée des connaissances, cest un véritable basculement qui sest opéré.
Pourtant la place que tiennent la science et ses applications techniques dans le fonctionnement courant de notre société est aujourdhui beaucoup plus importante quil y a 50 ans.
Cette situation paradoxale vient, en fait, des craintes suscitées par cet impact sur la vie quotidienne des citoyens et par quelques découvertes qui ont donné le sentiment que le " savant " avait la capacité de modifier profondément létat de la planète.
Un doute croissant est porté sur la conscience qua le chercheur de sa responsabilité, et sur sa capacité à maîtriser son invention.
Comme souvent, lexplication et la transparence sont une bonne réponse à cette situation de divorce. Il sagit là, non pas de convaincre par une démonstration, mais dinformer par lexemple afin que chacun, au niveau qui est le sien, puisse assumer ses responsabilités.
Le CNRS doit être partie prenante de cette action en raison de son statut détablissement public, mais également parce que cette action représente pour lui un véritable enjeu face à un contexte qui peut conduire à une remise en cause de la démarche scientifique.
Au rang du public auquel est destinée cette information figurent tout dabord les décideurs publics et les responsables dadministration : en effet, face à un problème scientifique ayant un impact sociétal fort, ceux-ci doivent disposer dune information exhaustive sur létat des connaissances et les questions en débat.
En second lieu, le CNRS doit se préoccuper de fournir au citoyen, non pas des réponses toutes faites aux interrogations qui sont les siennes face aux questions scientifiques et aux débats de société du moment, mais les éléments lui permettant de se forger une conviction.
Enfin, une action spécifique est nécessaire, à destination du public jeune qui fait preuve dune désaffection à légard des études scientifiques. En effet, nous sommes à la veille dune contraction du vivier des candidats potentiels au métier de chercheur pour des raisons qui dépassent la simple cause démographique. Au-delà des nombreuses actions auxquelles participe déjà le CNRS : fête de la science, interventions en milieu scolaire, colloques etc., une action vigoureuse doit être entreprise pour tenter de corriger cette tendance. Celle-ci devra être entreprise en lien avec le ministère de léducation nationale et ses établissements dans la perspective de favoriser le développement dune culture scientifique minimale.
Action du CNRS :
Donner, au sein du CNRS, un statut à lexpertise destinée à éclairer la décision publique : celle-ci sera assumée par lorganisme; elle consistera à recenser létat des connaissances et des controverses sur un sujet donné. Le CNRS élaborera une charte de lexpertise.
Organiser, chaque année, deux conférences citoyennes de la science autour de sujets en débat impliquant la recherche scientifique, sadressant à un public large et dont les conclusions et les actes auront vocation à être diffusés auprès du grand public.
Ouvrir des stages en laboratoires à destination du public des jeunes à la veille de sengager dans les études supérieures (seconde, première). Cette démarche nécessitera lappui du ministère de léducation nationale. Elle débutera par laction de chercheurs allant témoigner de leur activité devant des classes scientifiques et invitant les élèves à participer à ces stages qui seront réservés en priorité aux meilleurs élèves. Il importera que les chercheuses participent largement à cette démarche de façon à encourager les jeunes filles à poursuivre des études supérieures scientifiques dans une proportion plus importante que celle observée actuellement.