Art rupestre : des sculptures de dromadaires en taille réelle découvertes en Arabie saoudite

Archéologie

Au nord-ouest de l'Arabie saoudite, un archéologue au CNRS 1  et ses collègues de la Saudi Commission for Tourism and National Heritage ont découvert un site d'exception où figurent des sculptures de camélidés inédites dans la région et qui daterait de l'ère chrétienne 2 . Cette découverte apporte un nouvel éclairage sur l'évolution de l'art rupestre dans la péninsule arabique. Elle fait l'objet d'un article publié dans la revue Antiquity en février 2018.

  • 1Ingénieur de recherche au laboratoire Orient et Méditerranée (CNRS/Sorbonne Université/Université Panthéon Sorbonne/EPHE/Collège de France). Cette recherche implique également en France un chercheur associé au laboratoire Travaux de recherches archéologiques sur les cultures, les espaces et les sociétés (CNRS/Université Toulouse Jean-Jaurès/Ministère de la culture).
  • 2Découvertes réalisées dans le cadre du projet archéologique de Dûmat al-Jandal dirigé par les chercheurs Guillaume Charloux (CNRS) et Romolo Loreto (Université de Naples L'Orientale), soutenu par la SCTH, le Ministère des Affaires étrangères, le Labex RESMED, « Investissement d'Avenir » et le CEFAS

Le site archéologique du Camel Site, « le site du Chameau », situé dans la province de Jawf au nord-ouest de l'Arabie Saoudite, a été exploré en 2016 et 2017 par une équipe de chercheurs franco-saoudiens. Le site est composé de trois éperons rocheux sur lesquels figurent des sculptures entières ou partielles. Malgré l'érosion naturelle ayant détruit une partie des structures ainsi que toute trace d'outils, les chercheurs ont pu identifier une douzaine de représentations animales – des camélidés et des équidés – sculptées avec plus ou moins de relief dans la pierre. Les animaux sont représentés en taille réelle, sans attache dans un environnement naturel. Une des scènes les plus originales illustre la rencontre entre un dromadaire et un âne, un animal rarement représenté dans une scène jamais observée auparavant. Certaines représentations sont ainsi très différentes des thématiques habituellement observées dans cette région. Elles se distinguent des représentations animalières rencontrées sur les autres sites rupestres saoudiens qui sont souvent de simples gravures de dromadaires (sans relief), ou même des façades sculptées de la cité d'Hégra (Madâ'in Sâlih). Par ailleurs, certaines sculptures du Camel Site se situant en haut de parois rocheuses démontrent une maîtrise technique indéniable à l'origine de leur réalisation. Dans cette région particulièrement propice aux découvertes archéologiques, le Camel Site constitue désormais un site majeur de l'art rupestre saoudien.

Bien que la datation du site soit difficile à évaluer, les scientifiques situent ces sculptures autour de l'ère chrétienne (premiers siècles avant et après J.-C), par comparaison avec un relief de Pétra en Jordanie. La localisation désertique du Camel Site et sa proximité avec des routes caravanières suggèrent que l'endroit servait probablement de lieu de passage et/ou de vénération, favorable aux haltes mais peu propice à l'installation pérenne.

 

 

Tête de dromadaire sculptée en bas-relief.
© Antiquity - CNRS/MADAJ, photo C. Poliakoff, relevé G. Charloux

Tête de dromadaire sculptée en bas-relief.

 

 

Relief rupestre représentant un dromadaire couché levant la tête vers un équidé, possiblement un âne ou une mule.
© Antiquity - CNRS/MADAJ, G. Charloux

Relief rupestre représentant un dromadaire couché levant la tête vers un équidé, possiblement un âne ou une mule.

 

 

Défilé de deux dromadaires sur l'éperon C du Camel Site, probablement restés inachevés.
© CNRS/MADAJ, R. Schwerdtner

Défilé de deux dromadaires sur l'éperon C du Camel Site, probablement restés inachevés.

 

 

Dromadaire debout sculpté en haut relief sur la façade d'un éperon en grès au centre de l'image.
© CNRS/MADAJ, R. Schwerdtner

Dromadaire debout sculpté en haut relief sur la façade d'un éperon en grès au centre de l'image.

 

 

Éperon rocheux au centre et à la gauche duquel on peut distinguer des reliefs rupestres de dromadaires.
© CNRS/MADAJ, G. Charloux

Éperon rocheux au centre et à la gauche duquel on peut distinguer des reliefs rupestres de dromadaires.

 

 

Jeune dromadaire suivant un dromadaire adulte, dont on n'aperçoit que les jambes sculptées en relief.
© CNRS/MADAJ, G. Charloux

Jeune dromadaire suivant un dromadaire adulte, dont on n'aperçoit que les jambes sculptées en relief.

 

Bibliographie

The art of rock relief in Ancient Arabia: new evidence from the Jawf Province. G. Charloux, H. Al-Khalifah, T. al-Malki, R. Mensan & R. Schwerdtner, Antiquity, 92, 361, 2018, p. 165-182, 13 février 2018, Consulter le site web

Contact

Guillaume Charloux
Chercheur CNRS
Anaïs Culot
Bureau de presse du CNRS